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Quand Air France désosse ses Boeing 777 de fond en comble

Les opérations de "grandes visites" assurent la maintenance d'un avion en l'inspectant de A à Z et en le désossant littéralement. RMC Découverte plonge dans un de ces incroyables chantiers, avec un 777 d'Air France entièrement mis à nu.

Ce sont des travaux herculéens: contrôler de A à Z un avion et effectuer, le cas échéant, les réparations nécessaires. Ces opérations de maintenance massive sont surnommées "grandes visites" et coûtent plusieurs millions d'euros (voir encadré) aux compagnies. 

RMC Découverte propose de plonger au cœur d'une de ces grandes opérations: celle d'un Boeing 777 d'Air France. L'appareil effectue alors la plus importante de ces "grandes visites", un check-up complet et approfondi. "Cette grande visite dure cinq semaines. Pour être dans les temps, tout le chantier est organisé avec une incroyable rigueur", explique Randy Tinkseh, le vice-président marketing de Boeing Commercial Planes.

Au total, 500 personnes vont être mobilisées jour et nuit sur ce chantier qui a lieu non-stop (les équipes fonctionnent jour et nuit en 3x8) dans un hangar de maintenance de la plate-forme aéroportuaire de Roissy-Charles de Gaulle. 1.600 m² de docks sont mis en place pour pouvoir travailler sur le toit de de l'avion, inspecter la voilure, rentrer dans les réservoirs, etc…

La cabine est entièrement vidée: de ses sièges et coffres à bagages jusqu'à la carlingue. L'avion est littéralement désossé. Plusieurs opérations de grande ampleur ont alors lieu. Les milliers de câbles électroniques présents dans l'avion sont ainsi inspectés un à un pour détecter l'éventuelle présence de corrosion.

RMC Découverte
RMC Découverte © L'inspection des câbles électriques

15.000 heures de travail

Autre exemple: les milliers de matelas d'isolation qui garnissent le fuselage sont également examinés un par un. 60 à 70 matelas seront remplacés, sachant qu'une seule unité peut valoir dans les 3.000 euros.

Les sacs d'isolation présents dans le fuselage
Les sacs d'isolation présents dans le fuselage © RMC Découverte

Certaines tâches sont par ailleurs dangereuses. C'est le cas de l'inspection des réservoirs de carburant. Le spécialiste doit procéder aux vérifications dans un espace sombre et étroit où le kérosène était encore présent il y a quelques jours. Par mesure de sécurité, il ne peut y rester que quelques minutes, et un autre équipier reste au sol pour contrôler la situation, prêt à intervenir si son collègue fait un malaise.

L'inspection des réservoirs de kérosène
L'inspection des réservoirs de kérosène © RMC Découverte

Ce grand chantier va nécessiter pas moins de 15.000 heures de travail. Si une seule personne devait ainsi s'assurer de l'ensemble des tâches accomplies, cela lui prendrait environ 7 années à temps plein. 9.000 heures vont êtes consacrées à l'inspection de l'appareil et 6.000 heures à sa montée en gamme.

En effet, vu le coût (et la durée) de l'opération, les compagnies profitent généralement de l'occasion pour moderniser l'aménagement intérieur. Dans le cas du Boeing 777, les 250 sièges des quatre cabines (Première, Business, Premium economy et Eco) sont remplacés par les modèles dernière génération équipant ce type d'avion et des écrans individuels à très haute définition. En l'espèce, il s'agit de la gamme baptisée "Best and Beyond".

>> Retrouvez l'intégralité du documentaire Boeing 777: Le Grand Check-up ce jeudi 16 février à 20h50 sur RMC Découverte

Des opérations qui coûtent plusieurs millions d'euros

Les "grandes visites" peuvent durer de deux semaines à trois mois, comme l'explique un rapport du pôle interministériel de prospective et d'anticipation des mutations économiques de 2010.

Ces opérations se chiffrent en millions d'euros. Un document de travail de l'IATA de 2013 chiffre à environ 2,5 millions de dollars le coût pour un Boeing 777-300 qui appartiendrait à une compagnie de leasing. Dans le cas d'un Boeing 747, une "grande visite" de 2005 avait été chiffré à 5 millions d'euros, rapportait alors Le Parisien.

Au vu du prix de ces opérations et de la flotte d'avions de plus en plus importante (plus de 38.000 nouveaux avions devraient être commandés dans le monde entre 2015 et 2034 selon Boeing), le marché mondial de la maintenance devient un secteur particulièrement lucratif. Il représentait pas moins de 67,1 milliards de dollars en 2015 et devrait passer la barre des 100 milliards d'ici à 2025, d'après une étude du cabinet Oliver Wyman.

J.M.