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Quand le fondateur d'Auchan s'invite à une réunion de jeunes communistes

"Vous n'êtes pas gentil avec moi!", a déclaré Gérard Mulliez aux jeunes communistes lillois

"Vous n'êtes pas gentil avec moi!", a déclaré Gérard Mulliez aux jeunes communistes lillois - Philippe Huguen - AFP

Gérard Mulliez, le fondateur du groupe de distribution, a débarqué lors d'une réunion de jeunes communistes, samedi 21 février. L'entrepreneur était, en fait, venu leur faire la leçon et dénoncer une affiche le qualifiant de "milliardaire profiteur de crise".

C'est un invité pour le moins inattendu qu'ont reçu malgré eux les Jeunes communistes de Lille. Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, est arrivé samedi à l'improviste lors d'une de leurs réunions afin de dénoncer une affiche le qualifiant de "milliardaire, profiteur de la crise", a-t-on appris dimanche auprès de ce mouvement politique.

Samedi après-midi, une vingtaine de jeunes communistes tenaient leur conseil départemental, organisé chaque mois au siège lillois du Parti communiste français (PCF), débattant du problème du chômage chez les jeunes.

"Soudain, un monsieur pousse la porte d'entrée et commence à dire: 'vous n'êtes pas gentils avec moi!'", a expliqué Pascal, 24 ans, qui a souhaité que son patronyme ne soit pas divulgué car il est en recherche d'emploi.

"Ferme mais courtois"

Personne ne reconnaît alors Gérard Mulliez, 83 ans, considéré comme la troisième fortune de France par le magazine Challenges. L'intrus pointe ensuite le doigt sur l'affiche placardé sur un mur et le mettant en scène, où l'on peut lire "Gérard Mulliez, actionnaire milliardaire, profiteur de la crise / Ils empochent, nous produisons / Justice fiscale!".

"Il nous a expliqué qu'il créait des emplois avec ses supermarchés, qu'à notre âge il avait déjà créé ses premiers magasins et que ce qu'on écrivait n'était que du charabia idéologique", a ajouté Pascal, qui a qualifié de "ferme et courtois" l'échange de cinq minutes entre le grand patron et les jeunes militants.

"Il est venu plein de bons sentiments patronaux, mais il fait tourner à fond un système que l'on dénonce", a estimé le militant des Jeunesses communistes.

La section du Nord-Pas-de-Calais du PCF a indiqué qu'elle ne comptait pas mettre un terme à la campagne d'affichage. "Cette campagne vise à dénoncer la baisse du pouvoir d'achat des salariés alors que des grandes fortunes continuent de s'enrichir tout en bénéficiant d'aides publiques, comme le Cice (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, ndlr), a déclaré dans un communiqué le PCF, qui souhaite débattre des inégalités "avec les grandes familles du Nord, dont Mulliez".

J.M. avec AFP