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Ces mutuelles santé qui remboursent les objets connectés

En France, l'exploitation des données de santé est protégée par la CNIL.

En France, l'exploitation des données de santé est protégée par la CNIL. - Robyn Beck-AFP

"Pasteur Mutualité crée un forfait de prise en charge d'objets connectés dans ses complémentaires santé.  Les mutuelles jouent officiellement la carte de la prévention."

Après le secteur de l'assurance automobile, les objets connectés intéressent de près les mutuelles et leurs complémentaires santé. Groupe Pasteur Mutualité inclut désormais un forfait de prise en charge d'objets connectés e-santé.

En fonction des formules souscrites, le financement de l'objet connecté e-santé s'établit à 75 ou 150 euros, ce qui selon le type de produit acheté, correspond à une prise en charge partielle ou totale. Les demandes de prise en charge sont limitées à une par contrat sur une durée de deux ans.

Trois familles d'objets connectés sont concernées: ceux liés à des activités physiques connectées (bracelet ou montre), ceux qui assurent le suivi physiologique (tensiomètre, balance,...) et ceux liés à ce qu'on appelle l'observance des prescriptions médicales (pilulier).

La mutuelle n'a aucun accès aux données de santé connectées

Le groupe mutualiste à l'origine de cette initiative intervient auprès de 130.000 clients d'un type particulier. Il s'agit de professionnels de santé (infirmier, médecins, dentistes, pharmaciens) que la mutuelle souhaite inciter à utiliser des objets connectés comme dispositif de prévention.

Mais, ces professionnels pourraient aussi devenir d'excellents prescripteurs de ces objets connectés auprès de leur propre clientèle, les patients.

Soucieux de répondre aux inquiétudes de ses adhérents, le groupe mutualiste indique qu'il n'aura accès à aucune donnée de santé liée à l'utilisation de ces objets connectés. Donc, aucun contrat modulant ses tarifs en fonction du mode de vie ou de l'état de santé des adhérents n'est possible.

Pour une complémentaire santé, l'enjeu principal sous-jacent lié aux objets connectés est, bien sûr, économique. En incitant ses adhérents à adopter un comportement vertueux vis à vis de leur santé, elle espère réduire le niveau de ses remboursements de soins.

Axa a déjà fourni des bracelets connectés en cadeau 

En France, Pasteur Mutualité n'est pas la première complémentaire santé à s'intéresser aux objets connectés. Il y a un an, les mille premiers souscripteurs de la complémentaire santé Modulango d'Axa Santé ont reçu en cadeau le bracelet connecté Withings Pulse. Des chèques-cadeaux leur ont également été promis en fonction du nombre de pas parcourus dans le mois, dans le cadre d'un concours qui étaient ouverts aux volontaires.

Certains redoutaient que l’on ne paie plus cher sa complémentaire santé les mois où on ne marchera pas suffisamment ou lorsqu'on aura pris du poids.

Dans tous les cas de figure, les données de santé exploitées par les objets connectés servent, en France, aux complémentaires à inciter aux comportements vertueux par des gratifications ou des bonus en nature.

L'assurance auto a franchi le Rubicon du "pay how you drive"

Pas question donc -pour le moment- de créer des contrats qui pénaliseraient l'assuré en raison de sa mauvaise hygiène de vie. En France du moins. La Cnil veille, a priori, au grain, les données de santé faisant partie des données sensibles protégées par la loi de 1978.

Aucun contrat de complémentaire santé ne peut prévoir donc encore d'appliquer une modulation tarifaire en fonction des habitudes de vie ou des paramètres individuels de santé. 

Mais l'assurance automobile vient néanmoins de franchir le Rubicon en modulant les tarifs selon la conduite au volant. Direct Assurance (Groupe Axa) propose une formule de contrat avec boîtier connecté qui applique un système de bonus-malus en fonction du comportement routier du conducteur.

Les assureurs étant également présents sur le marché des complémentaires santé, nul doute qu'ils regarderont de près les évolutions en cours, notamment aux Etats-Unis. Une assurance santé (John Hancock) a commencé à moduler ses tarifs en fonction du mode de vie de ses assurés, tracé par le bracelet connecté de Fitbit. Vraiment impensable en France ?

Frédéric Bergé