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Quand Macron prépare les cheminots à la transformation radicale de la SNCF

Emmanuel Macron a parlé cash aux cheminots

Emmanuel Macron a parlé cash aux cheminots - Étienne Laurent - AFP

Début juillet, le président de la République s'est adressé à une dizaine de cheminots et a évoqué sans fard la fin de leur régime spécial ou encore la transformation de la société publique en "entreprise d'agrégation de mobilités".

Cela s'appelle parler cash. Le 1er juillet dernier, Emmanuel Macron, en présence du PDG de la SNCF Guillaume Pepy, a répondu aux questions d'une dizaine de cheminots dans le TGV inaugural Le Mans-Rennes. L'entretien rapporté par le magazine interne de la SNCF, lui-même cité par l'AFP, a été pour le moins franc.

"Nous demandons à SNCF d'aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite", a ainsi déclaré Emmanuel Macron lors de cet entretien.

Suppression des régimes spéciaux

À court terme, Emmanuel Macron, qui propose en échange que l'État reprenne la dette de la SNCF et accentue les investissements publics vers l'entretien des lignes, met l'accent sur la suppression à partir de l'an prochain des régimes spéciaux de retraite, auxquels sont notamment soumis les cheminots.

La réforme de ce régime est un sujet très sensible pour le personnel de la SNCF. "Ce qui a été acquis dans les régimes passés reste acquis et vous cotisez à un nouveau régime. Je pense que c'est très important, parce que cela va redonner de la confiance dans le système", a déclaré le Président, évoquant un "top départ" de la réforme à la mi-2018 ou début 2019 et précisant ainsi l'une de ses promesses de campagne.

Cet entretien ressurgit à un moment crucial pour la SNCF, qui sort d'un été marqué par une panne massive à la gare Montparnasse, au moment où est présenté au Sénat un projet de loi relatif à l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs.

Ouvrir la SNCF

Emmanuel Macron a aussi annoncé mardi le lancement ce mois-ci d'"assises de la mobilité", projet conjoint du ministère des Transports et de celui de la Transition écologique et solidaire auquel il est rattaché.

À ce titre, le chef d'État marque son souhait de transformer à plus long terme la SNCF en "entreprise d'agrégation de mobilités", autrement dit en l'ouvrant à d'autres domaines de transports que le chemin de fer.

"Beaucoup ont encore le sentiment, parce que c'est notre imaginaire collectif, que la fierté de SNCF, c'est d'avoir de beaux trains, de belles gares et des infrastructures", a-t-il jugé. "Ce n'est pas vrai. Ce sont les voyageurs, les chargeurs et les données les concernant qui ont de la valeur dans cette entreprise".

Les syndicats vent debout contre les propos de Macron

Sans surprise, les syndicats n'apprécient guère les propos du président de la République rapportés par la presse. La CGT les met en parallèle avec l'action du 12 septembre contre la réforme du code du travail. "Chacun aura compris le contre-feu allumé afin de détourner les cheminots des sujets d'actualité. Les cheminots et la CGT ne tomberont pas dans le piège tendu", écrit la confédération dans un communiqué.

Roger Dillenseger, le secrétaire général de l'Unsa-ferroviaire estime que "mettre en parallèle le financement du ferroviaire avec les acquis sociaux des cheminots, qui sont liés à leurs contraintes particulières de travail, comme le travail de nuit ou le dimanche, c'est intellectuellement plutôt malhonnête et ce n'est pas une bonne méthode de concertation".

Erik Meyer (SUD-rail) estime lui que "la ficelle est grosse". "On veut faire payer la dette du système ferroviaire aux cheminots en cherchant à les culpabiliser sur leur système de retraite, en leur retirant des acquis liés au contrat de travail", affirme-t-il.

J.M. avec AFP