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Quand Neymar attaquait un commerçant d’Orly en justice

Neymar a signé au Paris Saint-Germain pour 222 millions d'euros.

Neymar a signé au Paris Saint-Germain pour 222 millions d'euros. - Lola Bou - AFP

SÉRIE D'ÉTÉ: LES STARS DANS LE PRÉTOIRE. En 2010, Roger S. a déposé la marque Neymar auprès de l'Inpi. Mal lui en a pris.

En 2010, un jeune joueur de football d’à peine 18 ans commence à faire parler de lui au Brésil. Son talent, sa précocité et surtout son refus d’intégrer immédiatement une grosse écurie européenne intriguent.

En France, le phénomène n’échappe pas à Roger S., commerçant à Orly, qui dépose la marque "Neymar" auprès de l’Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi). Celle-ci lui donne droit - croit-il - d’utiliser en France le surnom de la star en devenir pour divers produits dérivés.

Les années passent, et tout se déroule comme prévu: Neymar Da Silva Santos Junior, dit Neymar, confirme les espoirs placés en lui et intègre le prestigieux FC Barcelone. En 2014, il est la tête d’affiche de l’équipe nationale brésilienne, qui dispute la Coupe du monde à domicile.

"Neymar" ou "Chénéémar"

Roger S., de son côté, n’exploite pas la marque du même nom, ce qu’il justifiera plus tard par des difficultés financières. Sauf que l’initiative n’est pas passée inaperçue du côté d’Holiprom, une société spécialisée dans les licences sportives gérant l’image du Brésilien dans l’hexagone, qui demande à son auteur de renoncer à ses droits. L’homme refuse. Et l’affaire arrive finalement devant le tribunal de grande instance de Paris, invité à juger si une fraude a été commise.

Tout l’enjeu est en fait de savoir si Roger S. a déposé la marque Neymar de bonne foi, une théorie qui sera sérieusement ébranlée par les déclarations de l’intéressé.

Ce dernier explique ainsi que ladite marque n’est en rien liée au footballeur, mais à une expression hébraïque, Chénéémar ("Comme il dit"). Il soutient également qu’à l’époque des faits, il n’avait pas connaissance de l’existence de la pépite brésilienne. Pourtant, quatre jours avant le dépôt de la marque, un reportage de l’émission Téléfoot lui était consacré.

Roger S. avait d'ailleurs déjà déposé la marque... Google

En outre, un courrier de Roger S. à la société Holiprom datant de 2014, semble indiquer qu’il avait cherché à trouver un accord à l’amiable -moyennant finances- avait été recherché par le commerçant.

Cerise sur le gâteau: "Monsieur S. est coutumier des dépôts de marque de signes antérieurement exploités par des tiers, telles que les marques Groupon, Google, Fortwo, Bluecar, qui ont toutes fait l’objet d’oppositions ou d’actions en revendications", écrit le tribunal.

En mai 2016, la justice a jugé que la fraude était avérée et avait donc ordonné le transfert des marques en questions vers le joueur brésilien qui, faut-il le rappeler, vient de signer au Paris Saint-Germain pour 222 millions d’euros. Avec la promesse de vendre, en France, un maximum de produits dérivés à son image…

Le prochain épisode de la série paraîtra demain...

Pas de dommages et intérêts pour Neymar

Roger S. a également été condamné à rembourser 7000 euros à Neymar au titre des frais de procédure. En revanche, le tribunal a rejeté la demande de dommages et intérêts formulée par le joueur, puisque la marque n’a jamais été exploitée.

Yann Duvert, avec Simon Tenenbaum