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Quarantaine britannique: les avions, trains et ferries pris d’assaut, le monde du tourisme s’inquiète

Des voyageurs arrivant à Londres après avoir pris l'Eurostar

Des voyageurs arrivant à Londres après avoir pris l'Eurostar - Tolga AKMEN

Depuis l'annonce d'une quarantaine obligatoire à compter de samedi pour toute personne se rendant au Royaume-Uni depuis la France, de nombreux vacanciers se précipitent dans les gares et aéroports. Un nouveau coup dur pour le secteur du tourisme.

Entre précipitation et consternation, le monde du tourisme gérait le flux de voyageurs vendredi après l'annonce surprise d'une quarantaine pour les voyageurs se rendant de France au Royaume-Uni, mais craint de sombres conséquences pour une profession déjà sinistrée par la crise sanitaire.

Avion et train font le plein

Pour le demi-million de Britanniques présents en France, il restait vendredi peu de possibilités de rejoindre leur pays avant l'imposition de la quarantaine samedi à 4 heures. Air France a observé dès l'annonce du gouvernement britannique, tard jeudi soir, une hausse des réservations vers le Royaume-Uni. Vendredi, ses trois vols vers Londres-Heathrow étaient complets et ceux à destination de Birmingham, Edimbourg, Manchester et Newcastle quasiment pleins.

Idem chez Eurostar, dont les huit trains Paris-Londres se sont remplis dans la journée, au prix minimum de 241 euros l'aller simple dans la matinée (entre 25% et 182% de plus par rapport aux jours suivants). Concernant le tunnel sous la Manche, Eurotunnel a prévenu que tout changement de réservation devrait se faire en ligne au préalable, avant d'annoncer en fin de matinée que toutes les navettes étaient complètes jusqu'à samedi matin.

"Les gens qui se présenteront sans billet ne pourront pas embarquer sur les navettes, parce que comme c'est un week-end chargé, on n'a pas de capacité disponible supplémentaire", a expliqué un porte-parole.

Navires transmanche: peu de places de dernière minute

Du côté des navires Transmanche, le président du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau, a indiqué avoir "demandé aux compagnies de ferries d'accepter le plus possible de véhicules de tourisme à bord de leurs bateaux et d'intensifier le nombre de leurs rotations entre Calais et Douvres". Chez la compagnie DFDS, le nombre de réservations pour vendredi a doublé dans la matinée.

Chez le breton Britanny Ferries, qui offrait sept relations vers l'Angleterre vendredi, la nouvelle est arrivée trop tard pour organiser de nouvelles rotations. "Nos bateaux sont quasiment pleins, il ne faut surtout pas que les gens viennent dans les ports s'ils n'ont pas de réservation", a prévenu le directeur général Christophe Mathieu.

"Coup dur" pour les transporteurs

Le secteur du transport aérien a sans surprise manifesté son mécontentement au Royaume-Uni, d'autant qu'il misait sur la saison estivale pour se relancer. La quarantaine imposée à la France s'ajoute à celle qui porte sur l'Espagne, une destination particulièrement prisée des Britanniques.

L'association des compagnies aériennes britanniques Airlines UK a évoqué un "nouveau coup dur dévastateur", demandant plutôt une politique de test à l'arrivée "de façon à ce que ceux qui sont négatifs puissent éviter de se confiner". "C'est malheureusement un nouveau coup dur pour les vacanciers britanniques", qui "ne pourra manquer d'avoir un impact sur une industrie aéronautique déjà en difficulté", a renchéri le groupe IAG, propriétaire de British Airways et Iberia.

Pour le patron de Britanny Ferries Christophe Mathieu, "c'est globalement une très mauvaise nouvelle à un très mauvais moment, en plein milieu de l'été, sans préavis" et "sans aucune visibilité sur la durée".

Découragement en France

En France, le président des Entreprises du voyage (représentant les tour-opérateurs, les organisateurs de voyages de groupes, d'affaires ou de jeunes) Jean-Pierre Mas a fustigé une décision "puérile et inutile". "Pour le tourisme, tout ce qui limite la circulation est un mauvais signe, un signe qu'on revient à des restrictions, de l'enfermement, et je crains que la réaction française en face ne relève de la cour d'école", a-t-il tonné.

"Les Britanniques, 12 millions d'arrivée chaque année, sont avec les Allemands les principales nationalités" à venir en vacances en France, a observé Didier Arino, directeur général du cabinet spécialisé Protourisme. "Ca n'est pas neutre, et cela l'est d'autant moins que les Britanniques ont des comportements un peu différents des autres touristes internationaux en cela qu'on les retrouve beaucoup dans les espaces ruraux (...). Cet été, on commençait à en voir de plus en plus et, à l'évidence, cette décision va marquer un arrêt de leur venue."

"La Grande-Bretagne est dans une récession extrêmement importante et (la mesure) permet au gouvernement de conserver ses devises sur son territoire", a-t-il relevé.
https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis avec AFP Journaliste BFM Eco