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Quelle vision de l’énergie dans l’industrie à 5 ans?

La fin des tarifs réglementés de l'énergie, une opportunité pour les entreprises ?

La fin des tarifs réglementés de l'énergie, une opportunité pour les entreprises ? - Leo Hoogendijk

Mardi 21 octobre, Produrable réunissait divers acteurs de l’industrie et de l’énergie pour donner des pistes de réflexion et d’action en matière d’utilisation de l’énergie dans l’industrie à court terme.

La fin des tarifs réglementés

Que ce soit pour le gaz ou l’électricité, les tarifs réglementés disparaitront entre le 31 décembre 2014 et le 31 décembre 2015. Les entreprises auront alors la possibilité de choisir une nouvelle offre énergétique dans un marché enrichi de nouveaux acteurs.

Mais le problème ne se réduit plus à la seule dimension achat de l’énergie. Selon Mareva Edel, Directrice Commerciale et Marketing, d’E.ON France “Il est difficile d’avoir une vision précise sans savoir ce que la réglementation aura donné d’ici là. Sur ce marché, celle-ci a un pouvoir très fort et est très mouvante. Ainsi, l’ARENH peut concerner 80% de vos consommations, mais on n’en connaît pas encore le prix pour 2015. Vu d’aujourd’hui, ce qui est important c’est de voir notamment qu’en électricité, la part de l’électron dans les factures se réduit “

Dans ce contexte, l’audit énergétique*, prend tout son sens. D’après Sylvie Padilla, Chef du service Entreprises et écotechnologies à l'ADEME, "Il faut positiver cette directive qui va donner des marges de manœuvre aux chefs d’entreprises en leur permettant d’augmenter leur compétitivité. Il s’agit d’une obligation de moyens, et non pas de résultat. C’est un outil très puissant qui doit être préparé sérieusement."

Nicolas Clerc, Responsable Énergie de la coopérative Laïta qui a produit un gros travail en matière de consommation d’énergies sur ses sites de production confirme, “Ce qui va intéresser ma direction, c’est de réduire la facture énergétique dans un cap tenu au niveau budgétaire et qui lui permette de continuer à créer de la valeur.” 

Une opportunité d’investir vert

Mais Olivier Barrault, Président du groupe Utilities Performance nuance, "Il est difficile de bien acheter si l’on ne maîtrise pas bien la façon dont on consomme. L’achat d’énergie n’est donc pas une fin en soi. Il important d’aller de l’avant si on veut atteindre le facteur 4." 

Aller de l’avant, en l’occurrence investir vert selon Sylvie Padilla "À l’ADEME, nous nous mettons dans une logique de renouvellement du parc industriel. Tant qu’à investir, investissons vert, investissons dans ce qui est performant énergétiquement", rappelant au passage la mission de financement d’avenir que porte l’agence.

Mais investir vert ne suffit pas sans une réelle capacité de prévision. Mareva Edel précise que son entreprise rémunère ses clients pour leurs efforts de prévision: “On rémunère ceux qui sont capables de nous prévenir, de la veille pour le lendemain, de leur nouveau profil. C’est un cercle vertueux, on s’est rendu compte que les industriels ont la maîtrise de leur process et ont une visibilité sur ce qu’ils consomment. Autant valoriser, c’est vertueux pour le réseau. Soyez acteurs de vos achats !”

Et de créer plus de valeur

Olivier Barrault défend une vision stratégique de l’énergie, qui contribue à la création de valeur de l’entreprise "Il s’agit d’aller au cœur de l’usine. Apparaissent alors des sujets de R&D et d’innovation. C’est l’usine de demain, qui raisonne sur un design différent, un packaging différent, voire un produit différent. Et cette usine est déjà en construction."

Le facteur énergétique créateur de valeur ? C’est aussi l’avis de Frédéric Utzmann, Président du groupe CertiNergy. "Nous utilisons la valeur des certificats d’économie d’énergie (CEE) comme un moyen de déclencher des opérations d’économies d’énergie. Pour maîtriser sa facture d’énergie, il faut agir sur le prix, le volume et la flexibilité/prévisibilité. Nous assemblons donc des compétences pour permettre aux industriels de mieux gérer leur facture, à travers ces trois composantes.”

Avis partagé par Mareva Edel : “Chez E.ON on vend des solutions énergétiques, on conseille nos clients pour qu’ils aient la meilleure facture énergétique. Les CEE sont un sujet dont on parle, au même titre que la molécule et l’électron“.

L’énergie semble donc être en passe d'évoluer du statut de ligne comptable à celui d’élément stratégique impactant potentiellement jusqu’à la conception des produits.

L’occasion de la déréglementation du marché doit sans doute être aussi celle de la transition de la consommation énergétique. Transition dans laquelle les technologies vertes ont de réels arguments.

* obligatoire à partir de décembre 2015 pour toutes les entreprises de plus de 250 salariés ou dont le chiffre d'affaires annuel excède 50 millions d’euros ou dont le total du bilan annuel excède 43 millions d’euros pour deux années consécutives. Les entreprises devront le renouveler tous les quatre ans.

La norme ISO 50001

Première norme internationale basée sur une approche comptable de l’énergie, elle vise l'amélioration de la performance énergétique de toute organisation. Ainsi, une entreprise, une collectivité ou toute autre organisation, a la possibilité de faire reconnaître sa démarche par un organisme tiers et indépendant. Celui-ci vérifie sur place la conformité à la norme et délivre, le cas échéant, un certificat ISO 50001. La certification ISO 50001, permet d’afficher clairement les engagements d’une entreprise en faveur d’une gestion responsable de l’énergie et dispense celle-ci de l'audit énergétique obligatoire en 2015.

Yves Cappelaire