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Qui achète les voitures les plus puissantes en Europe?

La Bugatti Veyron, l'une des voitures les plus puissantes au monde, a beau être fabriquée en Alsace, les Français ne sont pas les plus gros acheteurs -et de loin- de voitures puissantes.

La Bugatti Veyron, l'une des voitures les plus puissantes au monde, a beau être fabriquée en Alsace, les Français ne sont pas les plus gros acheteurs -et de loin- de voitures puissantes. - John Macdougall - AFP

"Malgré le durcissement des normes environnementales, les automobilistes craquent pour des véhicules de plus en plus puissants. Et c'est en Suisse que les grosses cylindrées se vendent le mieux. La France arrive, elle, en queue de peloton."

Des petites citadines sobres et peu puissantes. Voilà comment on a tendance à se figurer le marché de l'automobile actuel. Ce n'est pourtant pas vraiment le cas. Du moins en ce qui concerne la puissance. Les véhicules vendus en France (et en Europe) n'en ont jamais autant eu sous le capot. Selon les données du CCFA reprises par Les Echos, la puissance moyenne d'un véhicule neuf vendu en 2015 était de 113 cv, soit 3 cv de plus qu'un an auparavant. Et, au début du siècle, il n'était encore que de 91 cv.

Si les Français plébiscitent la puissance, ils sont toutefois en retrait par rapport à leurs voisins européens. La France a beau produire sur son territoire les voitures les plus puissantes du monde -les Bugatti- elle est avant dernière du classement établi par le CCFA. La dernière place est occupée par l'Italie (105 chevaux de moyenne), le pays de Ferrari et de Lamborghini. Cela ne surprendra pas grand monde, le pays d'Europe qui achète les véhicules les plus puissants est la Suisse: 160 chevaux en moyenne. Les citoyens helvétiques, qui ont le plus fort pouvoir d'achat en Europe, sont friands de grosses berlines allemandes et de véhicules de sport. La Suisse est ainsi le pays qui a la plus grande densité de Ferrari au monde de l'aveu même de la marque italienne. 

Après les Suisses, ce sont les Allemands qui sont les plus friands de chevaux. Outre-Rhin, la puissance moyenne était de 143 cv en 2015 soit 30 de plus qu'en France. Elle a d'ailleurs fait le bond le plus spectaculaire en Europe, puisqu'elle était de 110 cv en moyenne en 2000. Après l'Allemagne, on retrouve le Royaume-Uni (133 cv) et même l'Espagne qui avec 116 chevaux de moyenne est plus friande de puissance que la France. Au global, la puissance moyenne d'un véhicule acheté dans l'Union Européenne était de 126 cv en 2015 contre moins de 100 en 2000.

Moteurs plus petits mais plus costauds 

La principale raison de cette course à la puissance est liée à l'alourdissement des véhicules. Ainsi en France, le poids moyen d'une voiture se situe aux alentours de 1.300 kilos selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) contre 750 kg seulement dans les années 60. La multiplication des équipements (notamment de sécurité) explique cette forme assumée d'obésité. Par ailleurs les acheteurs plébiscitent les modèles plus volumineux comme les monospaces, les SUV et les crossovers, plus lourds sur le balance que des berlines de même longueur.

Or, pour tracter ces voitures plus massives, les moteurs doivent eux être plus puissants. Tout en étant moins gourmands pour respecter les normes environnementales. Une quadrature du cercle pour les constructeurs qui réduisent le nombre de cylindres (on "downsize") tout en augmentant la puissance aux moyens notamment de turbo-compresseurs.

La dernière raison qui explique cette montée en puissance des véhicules est d'ordre démographique. L'acheteur de voiture moyen étant de plus en plus âgé (54,6 ans en France), il a tendance à acheter des véhicules plus onéreux donc plus puissants. En témoigne le succès des marques allemandes dont les ventes explosent dans l'Hexagone depuis quelques mois. Et qui en Suisse, dominent clairement le marché.

Frédéric Bianchi