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Qui de LVMH, Kering ou Hermès possède le plus d'ateliers en France?

L'atelier Hermès d'Hericourt en Haute-Saône, inauguré en 2016.

L'atelier Hermès d'Hericourt en Haute-Saône, inauguré en 2016. - Sebastien Bozon - AFP

La marque Louis Vuitton annonce l'ouverture début 2019 de son 16e atelier en France. A cette occasion, nous mettons à jour les comptes pour savoir qui des trois géants français du luxe détient le plus gros outil de production dans l'Hexagone.

Louis Vuitton, qui avait entamé 2018 en annonçant l'ouverture cet été d'un quinzième atelier en France, en Vendée précisément, annonce ce mardi l'arrivée d'une seizième manufacture. Elle ouvrira début 2019 dans le Maine-et-Loire, à Beaulieu-sur-Layon. La griffe embauchera 500 personnes pour travailler dans ces deux nouveaux sites.

L'occasion de se pencher sur la façon dont les trois grands groupes de luxe français cotés (donc hors Chanel) assurent en interne et dans l'Hexagone leur production de vêtements, bijoux, sacs et autres accessoires griffés de leur nom. Qui du numéro un mondial, LVMH, du challenger quatrième mondial Kering, et du sellier Hermès, compte le plus d'ateliers et de tanneries en France?

Indubitablement, malgré le nouveau site Vuitton, le plus puissant en la matière est le plus petit des trois. Hermès compte 38 ateliers en France, auxquels s'ajouteront deux nouveaux sites en 2020. Répartis sur le territoire au plus près des savoir-faire régionaux, ils emploient 4.400 petites mains. Des artisans d'excellence bientôt rejoints par 500 autres en 2020, qui travaillent le cuir et le textile, mais aussi le cristal, la porcelaine et même l'or, pour confectionner des Birkin, des montres, de la vaisselle au raffinement ultime.

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Second sur le podium: LVMH possède moitié moins de manufactures qu'Hermès en France. 18 ateliers en France, dont 15 sites et 3.600 employés uniquement dédiés à la marque qui rapporte l'essentiel des revenus de la division mode et maroquinerie: Louis Vuitton. Auquel s'ajoutera donc un 16e site d'ici une dizaine de mois.

Le groupe qui a vainement tenté d'absorber Hermès il y a cinq ans au cours d'une épique bataille boursière, revendique des revenus cinq fois plus élevés que le sellier. À périmètre comparable, c'est-à-dire en retranchant ses activités dans les vins et spiritueux et la distribution sélective, LVMH génère 24,7 milliards d'euros en 2017 contre 5,2 milliards pour Hermès. Il faut néanmoins préciser que la maison-mère de Dior et Céline atteint ce niveau de ventes également grâce à des marques aux racines italiennes comme Fendi, espagnoles comme Loewe, et même allemandes comme Rimowa. Impossible de savoir à quelle part de ce résultat elles contribuent, puisque le groupe ne divulgue jamais ses résultats financiers maison par maison.

Très loin derrière ces deux-là, Kering, qui vient de se recentrer sur le luxe en cédant Puma, ne compte que deux sites de production en France. L'atelier de confection de Saint Laurent à Angers, et une tannerie en Normandie, qui emploient environ 200 personnes. Une soixantaine d'autres salariés doivent être recrutés cette année.

Il faut dire que la société, bien qu'immatriculée en France et pilotée par François-Henri Pinault depuis Paris, est moins française qu'italienne au regard de ses marques. Son portefeuille compte deux griffes fondées par des Français -Balenciaga et Saint Laurent- pour cinq italiennes parmi lesquelles sa vache à lait, l'équivalent de Vuitton pour LVMH: Gucci, qui génère à elle seule la moitié des 8,5 milliards de ventes luxe de Kering en 2016. Auxquelles s'ajoutent les revenus de ses compatriotes Bottega Veneta, Brioni, Pomellato et Dodo.

Assez logiquement, le groupe dispose d'un outil productif bien plus étoffé en Italie. De l'autre côté des Alpes, Kering possède une douzaine d'ateliers et tanneries. Et le groupe prévoit d'y ouvrir cette année le Gucci Art Lab, pour mettre en valeur les savoir-faire de ses artisans et prestataires en matière de chaussures et de maroquinerie.

La bataille des tanneries

Sur la vingtaine de tanneries que comptent la France, quatre sont détenues par Hermès, une par LVMH et une autre par Kering. Depuis 2011, les marques de luxe, à qui la maroquinerie rapporte le gros des marges, se livrent une âpre bataille pour acquérir ces sites. Un moyen de sécuriser leurs approvisionnements à l'heure où le cuir de qualité, notamment de veau, se raréfie en France.

Et les sous-traitants?

Notez que nous ne parlons ici que des manufactures détenues en propre pas ces grands du luxe. Pas de leurs sous-traitants, souvent bien plus nombreux et plus gros employeurs que les ateliers de ces groupes. Par exemple, parmi les dizaines de prestataires français de LVMH, qui génèrerait parfois jusqu'à 90% de leur chiffre d'affaires, il se dit que les Ateliers d'Armançon en Bourgogne produisent entre 40 et 60% de la maroquinerie Vuitton.

Nina Godart
https://twitter.com/ninagodart Nina Godart Journaliste BFM Éco