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Rachat de SFR par Numericable: Montebourg adoucit ses critiques

Arnaud Montebourg, nouveau ministre de l'Economie depuis le remaniement ministériel.

Arnaud Montebourg, nouveau ministre de l'Economie depuis le remaniement ministériel. - Crédits photo : nom de l'auteur / SOURCE

Le ministre de l'Economie renonce à ses critiques violentes contre un rachat de SFR par Numericable, mais assure qu'il restera vigilant sur l'emploi.

Après l'annonce du rachat de SFR par Numericable samedi 5 avril, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a affirmé qu'il serait "extrêmement vigilant en ce qui concerne l’emploi à SFR et le plan d’équipement de la France en très haut débit."

Vigilance sur l'emploi

L'emploi avait été au coeur des tractations sur le dossier. Le président d'Altice Patrick Drahi s'était engagé "à ne pas licencier, à conserver 8.500 emplois chez SFR et 2.400 chez Numericable, et même à recruter des commerciaux pour le marché des entreprises".

Aussi, Arnaud Montebourg "entend, au nom du gouvernement, redoubler de vigilance sur le respect des engagements pris auprès de lui par Numericable à ne supprimer aucun emploi postérieurement à la fusion, sous quelque forme que ce soit", a assuré le ministre dans un communiqué.

Engagements sur la fibre à domicile

Le ministre a aussi exhorté Numericable à "se placer dans le cadre du plan France très haut débit, de clarifier ses objectifs à cet égard, et de faire preuve de patriotisme économique pour le choix de ses fournisseurs". Il demande donc que "les engagements d'investissement de SFR dans la fibre à domicile" soient "maintenus par Numericable".

Selon lui, "il est indispensable de renforcer les opérateurs de télécoms français alors que se profile une consolidation inéluctable à l’échelle européenne."

Le ministre justifie aussi son interventionnisme: "dans un secteur régulé par la puissance publique, la vente du 2ème opérateur de téléphonie mobile français ne peut être considérée isolément, ou réduite à une opération strictement privée. L’Etat a exprimé sa vision industrielle du secteur et indiqué ses exigences en matière d’emplois et d’investissement."

Adoucissement du discours

Le choix de Numericable est un revers de plus pour Arnaud Montebourg, qui avait fait croisade pour l'offre rivale de Bouygues.

Mais visiblement, le ministre fait contre mauvaise fortune bon coeur. Car son ton est beaucoup moins violent que celui qu'il employait précédemment.

Le 14 mars, il avait ainsi déclaré sur Europe 1: "il y a un certain nombre de problèmes [avec Numericable]: surendettement, absence de concurrence dans la câble, problèmes fiscaux. Ces problèmes, nous allons les traiter maintenant!"

Le ministre avait détaillé: "quand vous avez une entreprise qui pèse 5 milliards et qui achète en s'endettant pour 10, vous avez un problème de surexposition et surendettement, et d'ailleurs de surexposition des banques! Là, on peut considérer que les banques se mettent en risque et qu'elles mettent en risque l'entreprise, parce que s'il y a retournement de marché, ou des événements qui n'ont pas été prévus, ce sont les employés qui vont payer! Pour ça, le gouvernement n'est pas d'accord!"

Sur France 2, il avait dit "ne pas être certain que les banques s'exposent" en finançant un rachat par Numericable, doutant que les banques "aient envie de s'exposer outre-mesure".

Patrick Drahi refuse de revenir

Il avait ajouté: "ça pose un problème de concurrence. Numéricable, c'est le monopole sur le câble. Or la fibre est concurrentielle, pas le câble! Il va y avoir un problème de concurrence. Nous allons devoir saisir les autorités pour demander un certain nombre de mises en concurrence du câble".

Il avait conclu: "il y a un problème fiscal! Numéricable a une holding au Luxembourg, son entreprise est cotée à la bourse d'Amsterdam, sa participation personnelle est à Guernesey dans un paradis fiscal de Sa Majesté la reine d'Angleterre, et lui-même est résident suisse! Il va falloir que M. Drahi rapatrie l'ensemble de ses possessions, biens, à Paris, en France. Nous avons des questions fiscales à lui poser".

Trois semaines plus tard, ces rodomontades n'ont toujours pas eu d'effet. Patrick Drahi a déclaré qu'il ne redeviendrait pas résident fiscal français. Aucune banque n'a apparement retiré son soutien à Numericable. Et l'Autorité de la concurrence indique n'avoir reçu aucune saisine du gouvernement...

Jamal Henni avec M. T.