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La radio numérique sera quand même lancée mais avec peu de stations

La ministre de la culture, Aurélie Filippetti, observe une attitude prudente

La ministre de la culture, Aurélie Filippetti, observe une attitude prudente - -

Le CSA va octroyer des fréquences à Paris, Marseille et Nice. Mais ce lancement se fera sans les radios publiques ni les grandes radios privées.

Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) persiste et signe. Vendredi 7 septembre, le gendarme de l'audiovisuel a annoncé qu'il allait accorder d'ici fin septembre des fréquences de radio numérique terrreste (RNT) à Paris, Marseille et Nice.

Ce nouveau mode de diffusion de la radio sera donc bel et bien lancé. Mais sans les grandes radios privées (Europe 1, RTL, RMC, NRJ) qui n'y croient pas. Sans non plus les radios publiques (Radio France, RFI): après une longue réflexion, le gouvernement a en effet annoncé jeudi qu'il ne demanderait pas de fréquences. Bref, la RNT sera donc lancée avec uniquement les radios indépendantes et associatives, offre sans doute trop pauvre pour vendre des récepteurs numériques en masse...

Explication fournie par le gendarme de l'audiovisuel: "Le CSA rappelle qu’il est tenu d’appliquer la loi du 5 mars 2007, qui prévoit le déploiement de la RNT, et de respecter les engagements qu’il a pris devant le Conseil d’Etat sur les appels à candidatures en cours". En clair, le gendarme de l'audiovisuel estime être juridiquement contraint de lancer la RNT dans ces trois villes, faute de quoi il risque d'être condamné en justice. En effet, le cadre juridique mis en place pour lancer la RNT n'a jamais été abrogé, et le CSA estime donc être tenu de l'appliquer. En revanche, hors de ces trois villes, le CSA ne dit rien, et devrait donc abandonner les attributions de fréquences RNT envisagées.

Position mi-chèvre mi-chou

Si le gouvernement a si longtemps réfléchi, c'est peut être parce que le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait lancé des expérimentations de RNT dans sa ville de Nantes. Durant la campagne, François Hollande s'était également déclaré favorable à la RNT. Mais, une fois élu, il avait choisi comme conseiller pour les médias David Kessler, qui, dans un rapport, avait estimé que la RNT n'avait pas de modèle économique.

Le communiqué publié hier par le ministère de la Culture est donc mi-chèvre, mi-chou, présentant à la fois les avantages et les inconvénients de la RNT (cf. encadré). Concrètement, il annonce deux mesures afin d'"étudier toutes les pistes". D'abord, il envisage d'autoriser prochainement une nouvelle norme pour la RNT, le DAB+, réputée moins coûteuse, ce qui permettrait d'"enrichir la période d’expérimentation" de la RNT. Ensuite, il va lancer avec le CSA "une étude sur les usages de réception de la radio des Français situés en zones rurales recevant moins d'une dizaine de services en bande FM".

Enfin, il "se réserve la possibilité" de demander plus tard des fréquences pour les radios publiques "en fonction des résultats des travaux initiés".

Le titre de l'encadré ici

|||Le gouvernement dans l'expectative

Dans son communiqué de jeudi, le gouvernement justifie sa décision par "l'environnement économique et technologique très incertain, sans que les expériences conduites dans d’autres pays européens permettent de lever ces incertitudes. En particulier, le lancement à grande échelle de la RNT engendrerait des surcoûts significatifs pour les radios publiques, liés à la nécessité devant laquelle elles se trouveraient de diffuser à la fois en modulation de fréquences et en numérique."

Pour autant, le Gouvernement ne se satisfait pas de la répartition actuelle des services radiophoniques sur le territoire : "s'il est possible de recevoir plus de 50 radios à Paris, environ un tiers des Français reçoit moins d'une dizaine de services de radio en bande FM. Le Gouvernement souhaite donc approfondir la réflexion sur la réduction de cette fracture radiophonique. La numérisation du média radio est un excellent instrument au service de cet objectif, et c'est dans cet esprit qu'elle doit être envisagée : il s'agit de proposer une offre de services riche et diversifiée sur tout le territoire, et ce quelles que soient les modalités d'écoute, au domicile comme en mobilité, tout en préservant l'économie parfois fragile des acteurs, en particulier les radios associatives et les réseaux locaux indépendants".

Jamal Henni