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Rafale: la commande du Qatar oblige-t-elle Dassault à accélérer la production?

Après celle de l'Egypte et de l'Inde, la commande du Qatar porte à 84 le nombre d'exemplaires que Dassault doit livrer à des armées étrangères. De quoi assurer 7 années de travail à l'usine de Mérignac. Sauf si la cadence est accélérée...

Jamais deux sans trois, déclarait Laurent Fabius il y a encore quelques jours en marge d'un déplacement aux Emirats arabes unis. Le ministre des Affaires étrangères savait sans doute qu'après l'Egypte et l'Inde, le Qatar s'apprêtait à signer un contrat avec Dassault.

Mais cette troisième bonne nouvelle de l'année ne change pas seulement la donne pour le gouvernement français, soulagé de n'avoir pas à se faire livrer et donc à payer de Rafale pour l'armée française. Ce contrat à 6,3 milliards d'euros, qui porte sur la vente ferme de 24 exemplaires du Rafale au très riche émirat du Qatar, porte à 84 le nombre de chasseurs que va devoir livrer Dassault. Comme l'avionneur produit actuellement dans son usine de Mérignac onze exemplaires du Rafale par an, ces trois contrats lui assure, à eux seuls, de quoi faire tourner ses lignes de production jusqu'en 2022. 

Passer de 11 à 27 avions produits chaque année ?

Sauf que Dassault peut très bien décider d'accélérer la cadence de production sans que cette décision ne l'oblige à engager de lourds investissements. En effet, dès le lancement du programme Rafale, Dassault avait demandé à ses 500 équipementiers et sous-traitants d'être capable de lui fournir de quoi livrer 27 chasseurs par an. Le rythme actuel, d'un peu moins de un exemplaire par mois, est en fait le seuil minimum en-dessous duquel le programme n'est plus rentable. 

Pour autant, rien ne dit que Dassault demandera à ses partenaires de doubler les cadences de production. L'avionneur va sans doute procéder par étapes. Il devrait commencer par produire quelques exemplaires de plus chaque année. Ce qui lui permettra de réduire les délais de livraison sans prendre le risque de se retrouver à cours de commande trop rapidement. Tout dépendra, en fait, de l'évolution du carnet de commandes.

Après l'Egypte, l'Inde et le Qatar, d'autres pays peuvent encore suivre le mouvement. On parle notamment des Emirats arabes unis et de la Malaisie. Interrogé à ce sujet, l'entourage de François Hollande a confirmé que le dossier avançait "plutôt bien", même si la prudence reste évidemment de mise.

Sa concrétisation pourrait faire enfin du Rafale un vrai succès à l'export. Il faudrait pour cela que le nombre des exemplaires livrés et payés à des armées étrangères s'approche de la commande faite par la France (225 exemplaires). Dans ce cas, Dassault devra sérieusement se pencher sur les cadences de production de son Rafale.

Mathieu Sévin édité par P.K.