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Les raisons du départ inattendu du patron de Citigroup

Vikram Pandit n'avait plus le profil correspondant à la culture d'entreprise de Citigroup

Vikram Pandit n'avait plus le profil correspondant à la culture d'entreprise de Citigroup - -

Vikram Pandit a brusquement quitté Citigroup ce mardi 16 octobre. S'il n'a pas donné d'explications précises, son bilan ainsi que son tropisme pour les activités de marché peuvent expliquer en partie sa démission.

La démission surprise de Vikram Pandit, patron de la banque américaine Citigroup, a créé une véritable onde de choc à Wall Street ce mardi 16 octobre."C'est une surprise totale, et pas une surprise positive, comme tout départ de dirigeant non annoncé à l'avance", a réagit Erik Oja, analyste chez Standard & Poor's. Un départ d'autant plus inattendu qu'il survient au lendemain de la publication de résultats trimestriels meilleurs que prévu.

Les raisons concrètes ne sont pas réellement connues à l’heure actuelle. Le Wall Street Journal croit savoir que Vikram Pandit aurait eu des différends avec le conseil d’administration de la banque, lors d’une réunion tenue juste après la diffusion de ces résultats.

"Ce qui est sûr c’est que le conseil d’administration lui a demandé de partir", commente Gregori Volokhine de Meeschaert Capital, interviewé dans l’émission Intégrale Bourse sur BFM Business.

Surpris lui aussi par l’annonce, il admet toutefois que le départ de Vikram Pandit est cohérent avec le changement de stratégie de la banque. Le désormais ex-dirigeant de Citigroup provenait en effet "d’un univers de hedge fund, alors que Citigroup cherche actuellement à se recentrer sur son activité de banque de détail".

D’après lui, Vikram Pandit avait également pour défaut "d’avoir des relations tendues avec les autorités de régulation", ce qui aurait joué dans la décision de la Fed de juin dernier. A cette date, l’institution américaine avait refusé à Citigroup la permission d’augmenter massivement son dividende, après son échec aux stress tests (tests de résistance des banques) américains.

Un bilan contrasté

Un revers pour Pandit qui aurait été un des éléments menant à sa démission. Plus globalement, le bilan de son mandat à la tête de Citigroup reste mi-figue mi-raisin.

A son actif, Vikram Pandit aura réussi à redresser, au moins en partie, Citigroup. Arrivé en décembre 2007, son établissement est touché de plein fouet par la crise et doit faire appel aux fonds publics pour être sauvé. En 2009, sa banque renoue avec les bénéfices et rembourse l’intégralité des 20 milliards de dollars prêtés par l’Etat américain.

Mais à côté de cette réussite, Pandit a dû essuyer un camouflet lorsqu’en avril dernier les actionnaires refusent de voter un plan de rémunération qui prévoyait de lui accorder un bonus de 15 millions de dollars.Plus récemment, il a bradé la participation de Citigroup dans Smith Barney, une coentreprise détenue avec Morgan Stanley. Sa banque avait ainsi revendu ses parts pour 13,5 milliards de dollars, ce qui s’est traduit par une charge de déprécation de 4,7 milliards de dollars dans ses comptes du troisième trimestre.

Enfin il y a le cours de bourse. L’action Citigroup a en effet fondu de presque 90% depuis la prise de fonction de Vikram Pandit. De quoi penser que les actionnaires voulaient du sang neuf à la tête de la banque.

Julien Marion