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Recalé par Bpifrance, le patron du groupe André ne cache pas son amertume

Sur BFM Business, Boris Saragaglia, le PDG de Spartoo et propriétaire d'André, regrette que la Banque publique d'investissement (Bpifrance) ne lui ait pas accordé un prêt de 12 millions d'euros pour permettre à l'enseigne de chaussures de réussir à surmonter la crise.

La chute était peut-être prévisible, elle n'en est pas moins abrupte. Après avoir annoncé mercredi 1er avril que l'entreprise de chaussures André allait être placée en redressement judiciaire, son propriétaire depuis près de deux ans, Boris Saragaglia, accuse encore le coup.

Sur BFM Business dans l'émission Inside ce jeudi, il explique avoir perdu "quasiment 4 millions" d'euros sur les 15 à 18 jours ayant suivi le début du confinement. Et s'il tient à saluer les mesures déployées par l'Etat pour aider les entreprises, il déplore cependant qu'au regard de la situation inédite l'enseigne ne soit pas soutenue financièrement pour les instances supposées servir la croissance des entreprises.

"Il y a trois semaines, nous sommes allés voir BPI pour leur dire 'écoutez, ça va être très difficile pour nous. Si les magasins restent fermés, on va devoir déposer le bilan si on n'a pas dans les 10 jours ou 15 jours de l'argent'. BPI a donné une réponse négative à notre dossier, alors que l'on est complètement éligible (…) Quand on lit les ordonnances, on correspond pleinement aux critères", relate Boris Saragaglia.

Mauvaise stratégie

Parce qu'il fallait "aller vite", le patron de Spartoo et d'André estime que "la décision d'aller à la BPI était (…) la plus pertinente. Et malheureusement, elle a refusé de soutenir André et on a dû se mettre en redressement judiciaire", regrette-t-il, précisant que la marque générait pourtant de la croissance ces derniers temps.

Au final, Boris Saragaglia se dit "très déçu et frustré de la situation" et de cette décision prise par la BPI. Et de conclure: "En 13 ans, je n'ai demandé aucune aide. Et là c'était la première fois que j'ai voulu tendre une main à l'Etat (…) On vient de perdre 4 millions d'euros sur 20 jours. On a besoin d'un coup de main. Et la réponse a été 'non'.

Bpifrance se défend

A la banque publique d'investissement, on explique que le groupe a bien fait une demande pour obtenir un des prêts (baptisé Atout) mis en place dans le cadre du soutien aux entreprises mises à mal par l'épidémie de Covid-19.

Ce prêt sensé soutenir la trésorerie des entreprises, n'est toutefois accessible qu'à celles dont la situation difficile est due à l'épidémie. "André ne pouvait pas bénéficier du prêt Atout, car ses difficultés préexistaient à l'épidémie", a-t-on expliqué à l'AFP. 

Par ailleurs Bpifrance assure avoir accordé "récemment" un prêt à la maison mère d'André, le groupe Spartoo, en partenariat avec les banques historiques du groupe, sans en détailler le montant. La banque publique précise aussi "être ouverte" à l'étude "d'autres solutions d'accompagnement" pour André, via tout l'éventail de ses offres traditionnelles.

Le prêt à Spartoo date d'"il y a trois ans", a rétorqué le PDG d'André, Boris Saragaglia, interrogé par l'AFP. "Il n'y a pas eu de prêt depuis", assure-t-il.
"On ne peut pas, nous entrepreneurs, tout soutenir à bout de bras quand c'est (l’État) qui décide de tout fermer", insiste-t-il encore. Les boutiques de l'enseigne, comme de nombreux autres commerces jugés non essentiels, ont dû baisser le rideau depuis plusieurs semaines sur ordre du gouvernement.

JCH avec l'AFP