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Recycler ses vieux habits chez H&M: une action écolo?

H&M veut faire recycler les vieux vêtements

H&M veut faire recycler les vieux vêtements - -

L’enseigne suédoise va proposer à ses clients d’apporter leurs vieux vêtements pour les faire recycler. Une première mondiale, portée par une ambition écologique... qui reste à prouver.

Plutôt que d’aller chez H&M pour acheter des vêtements, pourquoi ne pas y aller pour les donner? Le deuxième distributeur mondial de textile lancera en février 2013 un nouveau "service", qui permet aux clients de venir déposer leurs vêtements usés, quelle que soit la marque, pour les recycler.

Objectif: améliorer l'image de H&M auprès des défenseurs de l’environnement. Parfois qualifié, avec son concurrent espagnol Zara, de chaîne de "fast fashion" (à l'instar des chaînes de "fast food"), H&M a notamment été critiqué pour sa gestion des déchets. Un article du New York Times, en janvier 2010, dénonçait, par exemple, le découpage de vêtements invendus dans une boutique de Manhattan.

"Nous voulons faire du bien à l'environnement. Chaque année des tonnes de textiles sont jetées avec les déchets ménagers et finissent en décharge. Pas moins de 95% de ces vêtements pourraient être réutilisés: portés de nouveau, réutilisés ou recyclés, en fonction de leur état", souligne le PDG Karl-Johan Persson dans un communiqué annonçant l'opération de recyclage.

Verser de l'argent à des associations

Mais concrètement, comment ça marche? "Nous sommes la première marque au monde à le faire de manière globale. La collecte doit être lancée en février dans 1500 des 2700 magasins de H&M dans le monde et dans chacun des 48 pays où la chaîne est présente", nous explique Julia Duhamel, responsable du service communication du groupe.

Le client viendra donc dans une boutique H&M avec ses vieux vêtements. Ensuite "nous utilisons notre propre logistique déjà existante entre nos magasins et notre entrepôt pour rassembler les vêtements collectés".

L’entreprise suisse ICollect, usine de recyclage de textile et partenaire de H&M sur cette opération, viendra chercher les vêtements dans l’entrepôt et les amènera dans son centre de tri où ils seront répartis en quatre catégories: "reportables" (ils seront revendus en deuxième main), "réutilisables" (ils serviront à faire des textiles courants, comme des torchons), "recyclable" (utilisés pour des isolants phoniques par exemple). Le cas échéant, ils serviront à produire de l’énergie.

Ainsi tout le monde est gagnant: le client fait un geste écologique, H&M redore son blason et l’entreprise suisse reçoit de la matière gratuitement. Petit bonus même, ICollect reversera deux centimes d’euros par kilo à H&M qui les reversera à une association caritative. "En France, il s’agira très probablement de l’Unicef", confie Julia Duhamel.

"H&M n'a pas poussé le raisonnement jusqu'au bout"

Fabien-Denis Beauprez, responsable partenariats au Relais, l’entreprise de collecte de vêtements rattachée Emaüs, apporte deux bémols tout de même. "C’est plutôt une bonne chose qu’il y ait une démarche environnementale, que les esprits évoluent. Mais est-ce vraiment écologique de récolter des vêtements à Biarritz pour les envoyer en Suisse?", interroge-t-il.

Ce qu'il regrette, c’est que H&M n’ait pas poussé le raisonnement jusqu’au bout en choisissant un partenaire de proximité. "S’ils avaient travaillé avec nous, non seulement les vêtements auraient été traités dans la région, mais en plus, cela aurait créé des emplois en France et permis d'aider à la réinsertion de personnes en situation d'exclusion. C'est dommage de ne pas faire travailler la chaîne de la solidarité. Il faut profiter du local!". D'autres magasins y penseront peut-être...

Diane Lacaze