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Régulation bancaire: la pique de BNP Paribas

Baudouin Port, caustique, ne cache toutefois pas son agacement, après l'abandon des Etats-Unis d'appliquer Bâle III à partir de début 2013

Baudouin Port, caustique, ne cache toutefois pas son agacement, après l'abandon des Etats-Unis d'appliquer Bâle III à partir de début 2013 - -

Baudoin Prot,président de BNP Paribas estime que les règles dites de Bâle III sont devenues "un phénomène européen", en référence à l’abandon des Etats-Unis, qui n’appliqueront pas cette nouvelle régulation à partir de début 2013.

Trop compliquées, trop complexes, trop lourdes. C’est, en grossissant à peine le trait, ce que les banques américaines pensent des règles dites de Bâle III, qui imposent aux établissements de renforcer leurs fonds propres pour éviter de faire faillite.

Des inquiétudes si vives que la Réserve fédérale américaine (Fed), ainsi que les autres organes de régulation américaines, ont décidé de repousser l’application de ces règles, qui devait initialement intervenir début 2013, aux Etats-Unis. Une des dirigeantes de la Fed, Elizabeth Duke, a déclaré dans un discours que "tous ses collègues au directoire" de la Fed étaient "inquiets des effets" que l'application de ces nouvelles règles pourrait avoir sur "les activités de prêt de banques de proximité".

Il n’en fallait pas plus à Baudoin Prot, président de BNP Paribas, pour s’agacer de cette situation. Il estime ainsi que Bâle III est devenu un "phénomène européen"."Michel Barnier (commissaire européen aux services financiers) avait dit qu’il n’appliquerait pas Bâle III tant que les Américains ne l’appliquerait pas. Je voudrais savoir ce que va faire Monsieur Barnier", a lancé Baudouin Prot.

Il faut dire que BNP Paribas a elle largement anticipé ces règles en portant récemment son ratio de fonds propres rapportés aux risques à 9,5%. Un niveau qui satisfait Bâle III mais qui a obligé la banque française à mettre de côté du capital.

Baudoin Prot ironise

"Les Américains se sont rendus compte que c'était un petit peu compliqué et risqué et ils ont décidé de prendre leur temps", a nuancé le président de l'AMF, Gérard Rameix.

"Si c'est les Etats-Unis, ce n'est pas grave, c'est la moitié de l'industrie mondiale", ironise Baudoin Prot. En Europe, l'adoption du texte d'application de Bâle III a pris du retard, mais la présidence chypriote continue à croire à un accord final d'ici la fin de l'année.

Le directeur général au Marché intérieur de la Commission européenne, Jonathan Faull, a fait valoir aujourd’hui que "les reports et les échecs aux Etats-Unis ne devraient pas être une raison pour nous de ne pas faire ce qui est nécessaire pour nos économies", c’est-à-dire mettre en œuvre les règles de Bâle III.

Julien Marion et AFP