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Rémy Pflimlin, patron le mieux payé de l'audiovisuel public

Le salaire de Remy Pflimlin comprend une part variable -ou bonus- qui peut représenter jusqu'à 24% de son salaire fixe

Le salaire de Remy Pflimlin comprend une part variable -ou bonus- qui peut représenter jusqu'à 24% de son salaire fixe - Eric Piermont AFP

Le PDG de France Télévisions peut toucher jusqu'à 400.000 euros par an, soit un tiers de plus que son prédécesseur.

Etre patron de France Télévisions n'est pas une sinécure, mais cela apporte quand même quelques petits avantages. Notamment celui d'avoir le plus haut salaire de l'audiovisuel public: jusqu'à 400.000 euros par an, selon un document de Bercy.

A priori, cela paraît logique: France Télévisions est -de loin- la plus grosse société de l'audiovisuel public.

Pas corrélé au budget

Néanmoins, les chiffres réunis par BFM Business (cf. ci-dessous) montrent que, dans l'audiovisuel public, le salaire du patron n'est pas du tout corrélé à la taille de l'entreprise. Ainsi, le PDG le moins bien payé est celui de Radio France, qui arrive derrière ses homologues d'Arte et de l'audiovisuel extérieur. Pourtant, le budget des radios publiques est près de 4 fois plus gros...

Pire: durant plusieurs années, les patrons de l'audiovisuel extérieur Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent ont gagné jusqu'à 315.000 euros par an (bonus inclus), soit un peu plus que le PDG de France Télévisions Patrick de Carolis (300.000 euros maximum, bonus inclus).

Pas de règle lors des successions

Autre étrangeté: lorsqu'un nouveau PDG arrive, il n'y a pas de règle: le salaire peut grimper, baisser, ou rester identique.

Ainsi, le salaire de Rémy Pflimin est un tiers plus élevé que celui de son prédécesseur Patrick de Carolis. Mais cette hausse a une explication: Rémy Pflimlin venait du privé, en l'occurrence la messagerie de presse Presstalis, et a dû faire un sacrifice en venant dans le service public: "son salaire a été divisé par plus de deux", explique-t-on à France Télévisions. 

Mais, dans d'autres cas, le salaire reste stable, même si le nouveau PDG est bien plus jeune, ou d'un sexe différent. Par exemple, le nouveau patron de Radio France Mathieu Gallet touche autant que son prédécesseur Jean-Luc Hees. Et la nouvelle patronne d'Arte, Véronique Cayla, a le même salaire que son prédécesseur Jérôme Clément. 

"Je veux toucher moins..."

Heureusement, on constate parfois des baisses. Ainsi, le nouveau patron de la régie publicitaire de France Télévisions, Daniel Saada, touche environ 10% de moins que son prédécesseur Philippe Santini.

Surtout, Marie-Christine Saragosse, la nouvelle patronne de l'audiovisuel extérieur, touche 17,5% de moins qu'Alain de Pouzilhac et Christine Ockrent. Marie-Christine Saragosse assure que c'est elle qui a demandé cette baisse, jugeant "très élevés" les salaires de ses prédécesseurs.

Pas de bonus pour Pouzilhac

Reste que ces salaires dans le public sont bien moins élevés que dans le privé. Les patrons de TF1, M6 ou Canal Plus touchent entre 1,5 et 2 millions d'euros par an. 

A noter que l'Etat s'est inspiré du privé en introduisant une part variable (ou bonus) dans les salaires des patrons du public. Selon les cas, cette part va de 14% à 24% du salaire fixe -sauf pour le patron de la régie de France Télévisions, où elle atteint 75% du salaire fixe. Tandis que dans le privé, le bonus est plus important -typiquement, 1 à 1,5 fois le salaire fixe.

En pratique, ce bonus est indexé sur les performances, mais parfois d'autres critères: on se souvient ainsi que le gouvernement Fillon, dont les rapports avec Alain de Pouzilhac avaient fini par être exécrables, avait décidé de ne pas lui verser de bonus...

Interrogé, France Télévisions a précisé: "par rapport à l'équipe précédente, la moyenne des salaires des 10 plus hauts dirigeants est inférieur de plus de 10 % en euros constants. Et en 2012 lors du lancement du plan d'économies, le PDG Rémy Pflimlin a décidé de baisser de 25% sa part variable, ainsi que celle de son conseil de présidence (ses quatre directeurs généraux)".

Salaire des patrons de l'audiovisuel public (en euros par an)

France Télévisions
Patrick de Carolis (PDG): 300.000 dont fixe 240.000
Rémy Pflimlin (PDG): 400.000 dont fixe 322.000
Daniel Saada (DG de la régie): 315.000 dont fixe 180.000

France Médias Monde (ex-Audiovisuel extérieur de la France)
Marie-Christine Saragosse (PDG): 260.000 dont fixe 228.000
Victor Rocaries (DG délégué): 200.000 dont fixe 172.000

Arte France
Véronique Cayla (présidente du directoire): 259.113 dont fixe 227.666
Anne Durupty (DG): 139.800 dont fixe 121.000

Radio France
Jean-Luc Hees (PDG): 217.638 dont fixe 185.000
Mathieu Gallet (PDG): 222.000 dont fixe 185.000

NB: salaire maximal obtenu en prenant la part variable (bonus) maximale

Jamal Henni