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Transports

Renault engage son bras de fer avec Nissan

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- - Martin BUREAU / AFP

L’Etat Français actionnaire cherche à s’opposer à la destitution de Carlos Ghosn. Renault va faire valoir ses droits au conseil d’administration de Nissan, ce jeudi. Bruno Le Maire rencontre de nouveau son homologue japonais.

La messe n’est pas dite chez Nissan. Le constructeur japonais réunit ce jeudi (jeudi matin heure française) son conseil d’administration en vue de démettre de ses fonctions son président Carlos Ghosn. La décision du PDG, Hiroto Saikawa, ne sera pas une formalité. C’est la tonalité du message que l’Etat Français a distillé ce mercredi matin, en marge d’une conférence de presse de Bruno Le Maire.

Le ministre de l’Economie, et le président intérimaire de Renault, Philippe Lagayette, ont martelé qu’ils n’avaient « aucune preuve » des malversations de Carlos Ghosn. Et que dans l’attente d’éléments concrets, il ne « fallait pas prendre de mesures définitives ». Un message appliqué chez Renault où Carlos Ghosn conserve son statut de PDG. Un message surtout pour le conseil d’administration de Nissan.

Renault pèsera de tout son poids

Renault, actionnaire incontournable, y pèsera de tout son poids ce jeudi. Le constructeur dispose de trois administrateurs sur neuf. Avec les gardes à vue de Carlos Ghosn et Greg Kelly, le conseil se tiendra à sept membres, dont deux pour Renault, Jean-Louis Duzan et Bernard Rey. Malgré ce déséquilibre, ces administrateurs devraient s’opposer à la destitution définitive de Carlos Ghosn. Ont-ils les moyens de bloquer le « putsch » orchestré par la direction de Nissan ? « Non » entend-on chez Renault …

Mais à Bercy, on rappelle que Renault est actionnaire à 44% de Nissan et que rien ne peut se décider sans son aval. Le « clan français » ne restera pas les bras croisés... « La destitution du président est du ressort de l’assemblée générale des actionnaires », note un proche du ministère. « Dans les accords signés en 2002 entre Renault et Nissan, il y a des dispositions spécifiques pour Renault » ajoute-t-il. Un millefeuille juridique dans lequel personne n’y voit clair. Seul certitude, le choix du président de Nissan revient à Renault. Mais bloquer l’éviction de Carlos Ghosn sera difficile… sauf si une partie des administrateurs japonais le refusait.

Suspense total

C’est ce que laisse entendre l’agence Bloomberg, assurant que le conseil d’administration de Nissan est divisé. Alors que d’aucuns pensaient que Carlos Ghosn était déjà éjecté de son poste, le suspense monte d’heure en heure avant la réunion du conseil, prévue jeudi matin au Japon, dans la nuit de mercredi à jeudi heure française.

Dans la foulée, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire recevra son homologue japonais, Hiroshige Seko, venu à Paris en urgence. Au-delà du soutien politique à l’Alliance Renault-Nissan, le ministre français espère avoir des éléments d’informations sur les faits reprochés à Carlos Ghosn. Et tentera d’apaiser une affaire qui tourne à la crise diplomatique. La rivalité naturelle entre Renault et Nissan se transforme de jour en jour en guerre ouverte. Le bras de fer ne fait que commencer.