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Renault s'apprête-t-il à abandonner le diesel?

Renault craint que le durcissement des normes antipollution ne sonne le glas du diesel en ce qui concerne sa gamme européenne.

Renault craint que le durcissement des normes antipollution ne sonne le glas du diesel en ce qui concerne sa gamme européenne. - Philippe Huguen - AFP

Le durcissement de la lutte contre la pollution inciterait fortement la marque au losange à laisser progressivement tomber le diesel en Europe.

Renault s'attend à ce que le diesel disparaisse progressivement de l'essentiel de sa gamme en Europe face au coût du durcissement de la lutte antipollution que le scandale Volkswagen a encore accélérée, révèle l'agence Reuters.

Le groupe au losange, tout comme Peugeot-Citroën, avait beaucoup misé sur une technologie plus économe en carburant et moins émettrice de CO2 que l'essence. Et malgré l'affaire autour des trucages des émissions du leader européen Volkswagen, tout deux assuraient que le diesel resterait durablement présent dans l'offre de motorisations proposées aux clients.

Mais un an après le scandale Volkswagen, les constructeurs tentent encore d'estimer les conséquences à plus long terme de l'affaire. Durant une réunion interne en juillet, le directeur délégué à la compétitivité de Renault, Thierry Bolloré, a ainsi déclaré que l'horizon s'était nettement obscurci pour le diesel, selon deux personnes présentes à la réunion. "Il a dit que (le groupe s'interrogeait) désormais pour savoir si le diesel allait survivre - et qu'il n'aurait pas émis de tels doutes au début de l'année", assure une source interne.

"Le durcissement des normes et des méthodes de tests va alourdir les coûts de cette technologie à un point tel que le diesel va se faire sortir du marché", a-t-elle ajouté, résumant ainsi le constat tiré alors par Thierry Bolloré.

80% des voitures neuves privées de moteur diesel?

Le segment A - les petites citadines - a déjà basculé dans le tout essence puisque les dernières générations de Twingo, Peugeot 108 ou Citroën C1 ne sont plus proposées aujourd'hui en version diesel. Le segment B voisin est parti pour suivre le même chemin.

Selon des données de Dataneo basées sur la trentaine de voitures les plus vendues en France, la part du diesel dans les citadines polyvalentes type Clio, 208 ou Polo est déjà tombée à moins de 39% sur la première moitié de l'année en France, contre 46,2% un an plus tôt. Et le segment supérieur, celui des voitures compactes -Mégane ou Golf- pourrait leur emboîter le pas, grâce notamment à la réduction des consommations des moteurs essence avec l'injection directe et le passage de quatre à trois cylindres.

Selon Reuters, Renault s'attend à ce que d'ici 2020, le durcissement des normes d'émission écarte le diesel du segment B ainsi que d'une partie du segment C, alors que ce type de motorisation reste aujourd'hui majoritaire dans sa gamme.

L'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) indique sur son site internet que les trois segments ont représenté plus de 80% des ventes de voitures neuves en Europe l'an dernier, tous constructeurs confondus. Renault, de son côté, a refusé de faire un commentaire.