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Reprise de XL Airways: Ben Smith refuse de "remettre en question" la solidité retrouvée d'Air France

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- - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Le patron canadien d'Air France-KLM ne devrait pas reprendre XL Airways, en cessation de paiement, car cela "soulèverait des questions sociales et contractuelles" a-t-il expliqué.

S'il fallait une nouvelle preuve du changement de vision qui s'est opéré chez Air France-KLM avec l'arrivée de Ben Smith, il suffit de se pencher sur le cas XL Airways. La compagnie française, qui a fêté ses 25 ans cette année s'est déclarée en cessation de paiement la semaine dernière, avec le risque de laisser sur le carreau les 2000 salariés de l'entreprise.

Après Aigle Azur, c'est donc un autre pavillon tricolore qui aperçoit l'abîme, sans que des solutions de reprise ne soient véritablement évoquées dans son cas. Vendredi dernier, le patron de XL Airways, Laurent Magnin, avait lancé un appel, sur le plateau de BFM Business, à Air France. "Vous ne pouvez pas dire qu'on ne réagit pas à cela !" avait-il affirmé, vantant au passage "le travail incroyable qu'a fait Ben Smith", actuel DG d'Air France-KLM, "sur le plan social".

Un appel au secours d'autant plus vibrant que, selon Laurent Magnin, la compagnie était en négociations avec Air France, il y a encore deux ans, pour devenir la compagnie low-cost du géant français. "On avait un plan avec Jean-Marc Janaillac" alors PDG d'Air France - KLM, affirme le dirigeant de XL. Mais le coup de poker perdu Janaillac, et sa démission, ont mis un terme au projet de reprise. Le successeur intérimaire chez Air France-KLM, Frédéric Gagey, ne donnera pas suite.

"Maintenir la stabilité sociale"

Laurent Magnin attendait donc beaucoup de Ben Smith, qui a su recréer un dialogue social au sein de la compagnie, en mettant un terme au conflit qui minait le groupe depuis des années. Pourtant, le geste n'est pas venu. De la même façon qu'Air France a retiré son offre sur Aigle Azur, la compagnie n'a pas bougé pour XL Airways.

Dans une lettre aux salariés, publiée par la Tribune, Ben Smith explique les raisons de cette décision. "Nous ne pouvons rester indifférents aux situations d'Aigle Azur et de XL Airways et de leurs salariés, mais je ne mettrai jamais en péril ce que nous avons réussi tous ensemble depuis un an" tranche le Canadien. "Nous ne ferons jamais rien qui mettrait en péril notre avenir à tous, ou qui ne respecterait pas le contrat social et humain du groupe Air France-KLM, ce n'est pas là notre ambition."

Ce vendredi matin, le PDG n'a pas dit mieux, lors d'un déplacement à Toulouse pour la première livraison d'un A350 à Air France.

"Nous regardons les opportunités, mais il nous paraît extrêmement difficile de les intégrer efficacement dans la structure actuelle d'Air France. Notre priorité est de maintenir la stabilité sociale que nous avons réussi à ramener (…) Hors de question de remettre cette solidité en question par une reprise d'actifs ou de salariés qui soulèveraient des questions sociales et contractuelles."

Fermez le ban.

Si les positions peuvent encore bouger, c'est un virage stratégique dont la France est finalement peu habituée. Il suffit de voir les ministres successifs (Montebourg à Le Maire, en passant par Macron) se déplacer sur tous les sites industriels en danger et mettre la pression sur les possibles repreneurs pour comprendre l'importance du politique dans les dossiers complexes.

Aigle Azur et XL Airways, ce sont entre 2500 et 3000 salariés en jeu, et la réputation de deux compagnies nationales. Le gouvernement est évidemment au chevet des entreprises et tente de trouver des repreneurs. Mais ce ne sera probablement pas du côté d'Air France. Ben Smith n'a pas l'intention de jouer la corde de la solidarité tricolore, qui pourrait fragiliser la stabilité de son entreprise, toujours convalescente.

D'autant plus que le secteur aérien a clairement entamé sa rationalisation avec des faillites en série depuis deux ans. Au contraire, Air France a tout intérêt à profiter de l'espace désormais créé.

Thomas LEROY