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Réseau mobile : pourquoi près de 300 communes l'attendent encore

Emmanuel Macron, réunira avant la fin du mois de février 2016 les associations des collectivités territoriales et les 300 maires des communes et zones n'ayant aucune couverture mobile et qui devront être équipés avant la fin de l'année

Emmanuel Macron, réunira avant la fin du mois de février 2016 les associations des collectivités territoriales et les 300 maires des communes et zones n'ayant aucune couverture mobile et qui devront être équipés avant la fin de l'année - Gérard Julien-AFP

Plus aucune commune sans couverture en téléphone mobile d'ici la fin 2016 ? Près de 300 sont concernées par cet objectif gouvernemental. Sur le terrain, on est dubitatif.

La fracture numérique s'est déplacée sur le terrain de la téléphonie mobile dont l'absence totale concerne encore quelques centaines de communes. Pour en finir avec ces "zones blanches", le gouvernement à identifié 238 communes concernées, une liste qui doit être complétée dans les prochaines semaines.

La loi Macron a entériné le retrait définitif des cabines téléphoniques, avec, en contrepartie, la couverture par les quatre opérateurs mobiles des centres-bourgs de 238 communes dépourvues de réseau 2G d'ici fin 2016, ainsi que 800 sites économiques et touristiques. Les opérateurs devront aussi couvrir en 3G 2.200 communes qui en sont dépourvues d'ici mi-2017

Bercy a annoncé en janvier 2016 que l'État financerait, à hauteur de 30 millions d'euros, la construction des pylônes nécessaires à accueillir les antennes-relais, les opérateurs y posant leurs équipements. Il reste toutefois à négocier la prise en charge financière du raccordement électrique de ces pylônes. 

Emmanuel Macron suit le dossier de près

Le ministre de l'Économie et des Finances, Emmanuel Macron, réunira avant la fin du mois de février 2016, les associations des collectivités territoriales et les 300 maires des communes et zones n'ayant aucune couverture mobile et qui devront être équipés avant la fin de l'année. Cette réunion sera l'occasion de présenter le calendrier de mise en oeuvre des mesures, selon Bercy.

Les élus ruraux et associations sont prudents face à ce programme, estimant qu'il ne résoudra pas tous les aléas de couverture dans les campagnes. La région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées est la plus affectée, avec un total de 72 communes concernées, mais plus de 200 s'étaient signalées, selon la préfecture.

A Antichan-de-Frontignes, petite commune accrochée à 600 m d'altitude dans les montagnes de Haute-Garonne, Bernard Dumail se mobilise depuis "plus de dix ans". Sans succès. "Les opérateurs compatissent, mais pour eux, ce n'est pas porteur, parce qu'il n'y a pas assez d'abonnés", affirme ce maire élu sans étiquette depuis 1995. Une barre, deux parfois, puis plus rien: le long des rues étroites de cette pittoresque commune de 95 habitants, dont la population "triple" en été, la réception est aléatoire.

A Auradou (Lot-et-Garonne), "les ados aux arrêts de bus n'ont pas les yeux rivés sur le téléphone", mais "c'est délicat car aucune entreprise ne vient s'installer, les secours sont en galère et cherchent du réseau où vont toquer chez les habitants pour utiliser le téléphone fixe", raconte l'édile, Georges Lagrèze.

Les cartes de couverture sont notoirement lacunaires

La "définition" d'une zone couverte, "c'est de pouvoir téléphoner à l'extérieur d'un bâtiment, près de la mairie, pendant une minute, sans bouger", observe Patrick Vuitton, délégué général de l'Association des villes et collectivités pour les communications et l'audiovisuel (Avicca).

"Tout ça fait que les opérateurs ont aujourd'hui des cartes magnifiques mais sur le terrain, on est très loin d'avoir une couverture satisfaisante" ajoute le délégué général de l'Avicca.

"Cela montre que tout le monde à Paris a conscience que des communes sont dépourvues de réseau, mais c'est un coup de com". Pendant ce temps, il y a un écart de technologies croissant: vous imaginez, des communes qui n'ont pas la 2G et d'autres en 4G, voire 5G ?", interroge John Billard, vice-président de l'Association des maires ruraux de France (AMRF).

L'Arcep publiera des cartes de couverture plus précises

L'autorité de régulation des télécoms (l'Arcep) est "consciente" de ces critiques, et a annoncé en janvier 2016, par la voix de son président, Sébastien Soriano, la publication au cours de l'année de cartes de couverture des réseaux mobiles plus précises avec notamment différents degrés de qualité et des indications sur la réception à l'intérieur des bâtiments.

"Le programme vise à garantir une couverture minimale de tous les centre-bourgs. Ni plus, ni moins. Donc il demeurera encore de nombreux trous de couverture", précise-t-on à l'Arcep.

"Il faudra donc continuer à travailler sur le sujet, inventer de nouvelles solutions technologiques pour répondre à un besoin croissant et légitime de meilleure couverture mobile. Comme pour la radio FM, la couverture mobile parfaite est impossible." conclut-on chez le régulateur. 

F.Bergé avec AFP