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Résultats Iliad : « Free s’est pris une déculottée dans le mobile »

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En France, l’opérateur continue à perdre des abonnés aussi bien dans le fixe dans le mobile. Même si la fuite de clients se fait à un rythme moins soutenu, Free a clairement perdu sa position de locomotive du marché. Analyse.

Les résultats du troisième trimestre d’Iliad, la maison de mère de Free étaient très attendus, étant donné ses difficultés historiques lors des six premiers mois de l’année et un cours de bourse divisé par deux en un an.

Le report de la publication de ces résultats du matin au soir (une première dans la communication financière du groupe) avait suscité quelques inquiétudes. Inquiétudes qui se sont confirmées à la lecture du rapport.

En effet, la perte de clients se poursuit, à la fois dans le fixe et surtout dans le mobile, même si le repli s’opère à un rythme moins soutenu que lors des trimestres différents. Financièrement, Iliad sauve les meubles grâce à son carton en Italie.

« Globalement, on peut dire que c’est pas mal, mais dans le détail, le positif est habillé par la surperformance en Italie », nous explique Renaud Kayanakis, Senior Manager, Télécoms Innovation Media auprès du cabinet SIA Partners.

« Free duplique sa stratégie : conquérir un marché en partant de zéro en étant très agressif et en remontant progressivement la valeur. C’est la même mécanique et c’est une martingale qui marche bien, d’autant plus que la concurrence a du mal à réagir. En Italie, Free réussit même à faire mieux que lors de son lancement de Free Mobile en France en se construisant rapidement une grande notoriété. C’est assez incroyable », poursuit-il.

Le gâteau grossit mais Free Mobile n’en a pas profité

Mais en France, le modèle semble bel et bien grippé. « Le problème, c’est que la concurrence s’est bien organisée et la bataille profite aujourd’hui à Orange et à SFR qui récupère des clients chez Free Mobile grâce à des prix plus ou moins alignés et une politique de contenus. Free ne propose pas de contenus et n’innove pas non plus technologiquement. Dans le même temps, il faut pouvoir investir dans les infrastructures et les licences donc il ne peut pas à nouveau casser les prix ».

Les résultats dans le mobile sont d’autant plus décevants que le gâteau (la base d’abonnés) grossit encore. Au 3e trimestre, selon l’Arcep, le régulateur des télécoms, le nombre de cartes SIM vendus (hors M2M) a été de 530.000. C’est moins que l’an dernier, mais cela prouve que le marché est encore en expansion.

« Free Mobile n’a pas profité de cette tendance et on peut dire qu’ils se sont pris une belle déculottée dans le mobile en recrutement. Mais ils parviennent à mieux retenir et à valoriser leurs abonnés d’entrée de gamme grâce à leur nouveau forfait intermédiaire à 8,99 euros par mois qui est remplacé automatiquement au bout d’un an par le forfait premium à 19,99 euros », poursuit le spécialiste.

Dans le fixe, le problème est désormais connu. Outre une concurrence là aussi très agressive au niveau tarifaire, même dans la fibre optique, l’opérateur souffre du retard de sa nouvelle Freebox. « La box Révolution n’a plus rien de révolutionnaire. Là encore, la concurrence s’est alignée technologiquement et décline une stratégie de contenus. La Révolution a pendant ce temps très peu évolué or Free est attendu sur le terrain de l’innovation », souligne Renaud Kayanakis.

Et de poursuivre : « avec tous ces retards, on a l’impression que cette nouvelle box n’est pas au point, pas prête. D’un autre côté, Free pourrait frapper un grand coup s’il propose par exemple une box qui permet d’offrir du très haut débit dans les zones dépourvues de ce type d’accès. Avec de la 4G, des offres couplées…, ça serait un joli coup… ».

Et en effet, selon nos informations, cette box aurait été pensée pour offrir de bons débits dans les zones les moins denses, ce qui pourrait constituer un très efficace levier de recrutements. Elle pourrait être présentée le 20 novembre prochain.

Olivier CHICHEPORTICHE