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Revenus dissimulés, corruption... Ce qui est reproché à Carlos Ghosn, au Japon et en France

Carlos Ghosn

Carlos Ghosn - Kazuhiro NOGI / AFP

Après sa fuite rocambolesque au Liban, l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi donnera mercredi une première conférence de presse depuis le Liban, diffusée en direct sur BFM Business à partir de 13h45. L'occasion de revenir sur les charges qui pèsent contre lui, au Japon et ailleurs.

L'heure des explications pour Carlos Ghosn. Un peu plus d'une semaine après son évasion spectaculaire du Japon, l'ex-patron de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi a décidé de s'adresser aux journalistes du monde entier, lui a qui a été tenu au silence par la justice japonaise depuis son arrestation en novembre 2018. Et les questions seront nombreuses. Car s'il a bien l'intention de se défendre, Carlos Ghosn devra répondre des nombreuses accusations qui ont été énoncées contre lui. Retour sur ce qui lui est reproché.

  • Dissimulation de revenus chez Nissan entre 2010 et 2015

Le 10 décembre 2019, Carlos Ghosn est officiellement mis en examen pour dissimulation de revenus, chez Nissan sur la période 2010-2015. En clair, il aurait omis de déclarer aux autorités boursières l'équivalent de 38 millions d'euros. Il s'agissait en réalité de rémunérations différées.

  • Dissimulation de revenus chez Nissan entre 2015 et 2018

Le 11 janvier 2019, un deuxième chef d'inculpation lui est adressé. Il aurait, là encore, dissimulé environ 32 millions d’euros sur la période 2015-2018. Comme pour le premier chef d'inculpation, Nissan a aussi été mis en examen en tant que personne morale.

  • Abus de confiance aggravé

Le même jour, la justice japonaise met Carlos Ghosn en examen pour abus de confiance. Cette fois, l'ex-patron de l'alliance est accusé d'avoir fait supporter à Nissan ses déboires financiers personnels, lors de la crise de 2008. Il aurait alors perdu 14,5 millions d'euros dans des placements risqués. En clair, il aurait demandé à un homme d'affaires saoudien, Khaled al-Juffali, de se porter caution pour lui avant de le remercier plus tard en piochant dans les caisses de Nissan 13 millions d'euros, selon l'accusation.

  • Abus de biens sociaux, corruption active et passive

Cette fois, c'est la justice française qui a lancé une procédure, le 31 mai dernier, après la plainte d'une actionnaire de Renault. Les juges se concentrent sur des contrats douteux, à hauteur de deux millions d'euros, passés entre la filiale néerlandaise de l’alliance Renault-Nissan (RNBV) et d'une part Rachida Dati et d'autre part le criminologue Alain Bauer.

  • Financements suspects

Là encore, c'est une enquête française qui s'intéresse à la façon dont Carlos Ghosn a financé deux soirées organisées au Château de Versailles en 2014 et 2016, pour son anniversaire, puis son mariage. Dans le premier cas, la facture de 630.000 euros aurait été réglée par RNBV puisque la fête était officiellement organisée pour les 15 ans de l'alliance (ce dont doutent les enquêteurs). Dans le second, le château de Versailles aurait mis à disposition les locaux en échange d'une convention de mécénat signée avec Renault.

  • Les points en suspens

Des donations suspectes, notamment vers Oman et le Liban, ont été pointées du doigt par un audit interne réalisé par Renault. D'autres évènements, payés par RNBV, comme un séjour de luxe pour huit couples d'amis au brésil ont aussi été révélés par la presse. La propre sœur de Carlos Ghosn aurait aussi été rémunérée pour des activités qui n'ont pas laissé de traces, de 2003 à 2016. Reste, enfin, le cas des villas à Rio ou au Liban, payées par Nissan pour l'usage personnel de son patron, selon la presse japonaise.

Thomas Leroy