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Rio Tinto et les grands groupes punis pour leur gourmandise

Rio Tinto est emblématique de ces grands groupes dont la direction est accusée d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre, et qui doivent aujourd'hui passer de lourdes dépréciations

Rio Tinto est emblématique de ces grands groupes dont la direction est accusée d'avoir eu les yeux plus gros que le ventre, et qui doivent aujourd'hui passer de lourdes dépréciations - -

Le groupe minier, comme de nombreuses entreprises cotées, paie aujourd’hui les pots cassés des politiques d’acquisition gargantuesque d’avant-crise.

A l’approche de la saison des résultats, les directions générales se demandent avec une certaine angoisse sur quels critères ceux-ci seront appréciés par leurs actionnaires.

A en juger par ce qui se passe chez les géants industriels Rio Tinto et ThyssenKrupp, il est clair que les dérapages de politiques internationales aventuristes feront partie des sujets qui fâchent.

Chez Rio Tinto, l’un des principaux groupes miniers mondiaux, le directeur général vient de prendre la porte pour avoir usé trop généreusement de son carnet de chèques. Des acquisitions multiples, au moment où le cours des matières premières explosait, qui ont valu au groupe de passer des dépréciations d’actifs de 14 milliards de dollars en 2012, après 9 milliards en 2011.

Des dépréciations bien inférieures à ce qu'elles devraient être

ThyssenKrupp, de son côté, connaît une grave crise de management et une vraie crise actionnariale pour cause d’investissement aventureux aux Etats-Unis et au Brésil. Coût de la bévue : 5 milliards d’euros.

Ils sont loin d’être les seuls grands groupes cotés à subir les coûteuses retombées de politiques d’expansion menées pendant les années fastes d’avant-crise. Les 600 premiers groupes européens ont dépensé pas moins de 1600 milliards d’euros en acquisition entre 2007 et 2011.

Pour le moment, ils n’ont encore fait passer "que" 220 milliards de dépréciations pour prendre acte de la baisse de leur valorisation. Or l’affaissement des cours de Bourse réclame qu’ils fassent beaucoup plus.

Les régulateurs boursiers n’aiment pas que la valeur comptable s’éloigne trop de la valeur réelle des groupes, avec pour conséquence de plomber le cours. Ils ont donc averti qu’ils veilleraient au grain sur ce registre. L’AMF notamment, ne fait pas mystère qu’elle sera très pointilleuse sur ce sujet.

Avis aux grands gourmands de la cote : la digestion s’annonce difficile !

Philippe Mudry et pour BFM Business