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Robotisation : faut-il s’inquiéter pour l’emploi ?

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Une nouvelle étude de l’OCDE assure que l’automatisation menace 14% des emplois actuels. Une affirmation de plus toujours aussi difficile à évaluer…

Petit exercice de futurologie… Aurez-vous encore un emploi dans 10 ou 20 ans ? Avec l’émergence de la robotique et de l’intelligence artificielle, les plus pessimistes parient sur la disparition des travailleurs, cols bleus comme cols blancs… « Mais non ! » répondent les optimistes, adeptes de la destruction créatrice de Schumpeter. Les emplois disparus seront remplacés par de nouveaux.

Un débat récurrent, auquel participe régulièrement l’OCDE. L’institution vient de dévoiler une nouvelle étude sur l'avenir du travail : 14% des emplois actuels vont disparaître au cours des 15 à 20 prochaines années. Pire, en France, ce chiffre atteint 16,4%. Dans ses études, l’OCDE observe les métiers qui nécessitent une importante interaction avec des collègues ou des clients, difficilement automatisable. En 2016, une enquête de l’Insee et du DARES aboutissait, avec les mêmes règles à un chiffre très proche (15% des emplois menacés).

L'erreur des chercheurs d'Oxford

En 2014, le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger avait une vision bien plus pessimiste : au sein du marché de l’emploi français, 42% des métiers présentent une probabilité d’automatisation forte du fait de la numérisation de l’économie.

Une chose est sûre : l’automatisation ne vise plus seulement les métiers manuels. Médecins, avocats, journalistes… De nombreux domaines sont désormais concernés par l’intrusion des algorithmes, la version virtuelle du robot mécanique.

Mais l’impact sur l’emploi reste difficile à prédire. En 2004, Frank Levy et Richard Murnane, deux chercheurs à Oxford, assuraient que la conduite des véhicules ne pourrait pas être automatisée. Moins de dix ans plus tard, la Google Car faisait ses premiers virages en Californie…

Se préparer activement

Car la différence entre la révolution numérique et celle du XIXème siècle, souvent évoquée en parallèle, est la vitesse à laquelle les changements opèrent. La loi de Moore, selon laquelle la puissance de traitement des ordinateurs augmente de façon exponentielle tous les deux ans, a longtemps prévalu.

Si elle n’est plus d’actualité aujourd’hui (la puissance continue d’augmenter mais moins vite), les progrès sont si rapides que le monde entier peine à s’adapter. Et c’est bien là le sens du dernier rapport de l’OCDE. « Si l'on n'agit pas rapidement, de nombreux individus, notamment les moins qualifiés, resteront en retrait d'un monde du travail en pleine mutation » explique l’étude.

Les usages vont changer. Certains métiers vont disparaître, d’autres se créer. Dans quelles proportions ? bien malin qui pourrait le prédire. Mais chaque rupture technologique majeure entraîne ce type de mouvement destruction/création. En attendant, s’y préparer est surement plus vital qu’une guerre de chiffres.

Thomas LEROY