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RSE: du reporting à la performance globale

Le reporting RSE entre de plus en plus dans le pilotage de la performance globale de l'entreprise.

Le reporting RSE entre de plus en plus dans le pilotage de la performance globale de l'entreprise. - Pixabay

Une étude récente met en avant le rôle de levier de la Responsabilité sociétale  dans la performance de l'entreprise. Quand une obligation légale devient un outil de création de valeur…

Au départ était la réglementation

Si elle est une tendance répandue à travers le monde, et qu’elle peut aussi être basée sur le volontariat dans certains pays, la transparence en matière environnementale et sociale reste souvent perçue une pression supplémentaire faite aux entreprises.

En France, c’est l’article 225, véritable noyau dur du Grenelle de l’Environnement, qui précise périmètre et obligations du reporting des entreprises nationales.

Pour rendre compte de façon encore plus précise, divers suppléments sectoriels, banque, énergie, aéronautique…, ont également été déployés. 

Des gisements de valeurs à utiliser

Mais, ce que souligne Bertrand Desmier, directeur conseil chez Tennaxia, qui vient de rendre publique une étude sur les pratiques de reporting, c’est que "58% de nos répondants considèrent la RSE* comme un véritable levier de performance, ou comme pleinement intégrée au Business Model”.

La RSE levier de performance? Cela peut paraître a priori peu compatible avec la notion de pression réglementaire. Pire, c’est souvent une formule incantatoire dont l’application concrète ne saute pas aux yeux.

"Certains éléments de la performance de l’entreprise ne sont pas mis en évidence par les indicateurs classiques", poursuit Bertrand Desmier, "en intégrant les critères purement RSE, la performance extra-financière se corrèle mieux à la performance financière".

Performance ? Irait-on jusqu’à mesurer un retour sur investissement (ROI) de la RSE ? Bertrand Desmier est formel "l’obligation de reporting permet de faire des liens qui n’étaient jamais établis dans le passé. J’ai en tête le cas d’une entreprise qui a constaté des taux de formation, d’absentéisme ou d’entretiens annuels individuels très divergeants entre l’une et l’autre. Celle qui avait les meilleurs résultats avait aussi un meilleur chiffre d’affaires".

Investir dans le bien-être ou la sécurité peut donc rapporter. Sécurité qui, selon une étude de l'Agence Européenne de Sécurité et Santé au Travail (EU-OSHA) bénéficie d’un ROI de 120%!

Dans un autre registre, mesurer le volume de déchets d’une usine conduit en général rapidement à réintégrer ceux-ci dans la chaîne de valeur. Par réutilisation ou valorisation. L’externalité devient matière première. 

D’une vision en creux à la performance globale

Ainsi, gestion des risques et pression réglementaire laisseraient la place à une vision plus proactive?

Pour Hélène Valade, Présidente du C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable) et Directrice du Développement Durable de Suez Environnement "la vision de la performance change, elle n’est plus uniquement financière mais globale, à savoir, économique, environnementale et sociale. Cette idée fait son chemin dans la tête des dirigeants d’entreprises. D’autre part, le reporting engendré par l’article 225 structure les démarches et permet de les piloter. Ces deux facteurs s’additionnent pour créer une vraie dynamique, et ancrer le reporting RSE au niveau du management, avec des indicateurs extra-financiers fondés à être utilisés comme des indicateurs de pilotage de la performance globale". 

C’est donc la nouveauté, les deux performances ne sont plus dissociées, voire antagonistes, mais se répondent entre elles. Ainsi, les entreprises occupant les meilleures places dans les classements RSE -et ils sont nombreux !-, sont les mêmes qui surperforment dans les classements financiers. 

"Cela est logique", précise Bertrand Desmier, "les investisseurs regardent de plus en plus la pérennité -la durabilité- d’une entreprise. Celle-ci passe aussi par la gestion du long terme, qui est plus la spécificité de la RSE".

Ce sont les Jeunes Dirigeants qui ont parlé les premiers de la "performance globale" de l’entreprise. Finalement, on les a peut-être retrouvées les générations futures évoquées en 1987 par Gro Harlem Brundtland!

* responsabilité sociale des entreprises

Yves Cappelaire