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Transports

Ryanair et l'aéroport de Beauvais auraient passé des "accords illicites"

Ryanair aurait bénéficié des largesses de la société gestionnaire de l'aéroport de Beauvais.

Ryanair aurait bénéficié des largesses de la société gestionnaire de l'aéroport de Beauvais. - Philippe Huguen - AFP

La Cour des comptes a dénoncé ce lundi la gestion de l'aéroport situé dans l'Oise, qui aurait largement favorisé la compagnie irlandaise.

La Cour des comptes étrille la gestion de l'aéroport de Beauvais dans un référé publié ce lundi, dénonçant en particulier les "accords illicites" conclus avec la compagnie irlandaise Ryanair.

Entre les remises commerciales "injustifiées" et les prestations "assurées à perte", la société exploitant l'aéroport de Beauvais (SAGEB, détenue par la Chambre de commerce et d'industrie de l'Oise et le groupe Transdev) "s'est privée d'environ 85 millions d'euros de produits, dont 78 millions au bénéfice de la seule compagnie Ryanair".

Ces ristournes "constituent des avantages importants et injustifiés", qui ont été accordés "sans aucune autorisation" de l'entité propriétaire de l'aéroport (SMABT, contrôlée par la région, le département et l'agglomération).

Les magistrats contestent d'abord les tarifs des redevances aéroportuaires, "bien moindres" que ceux d'autres aéroports comparables mais compensés par les recettes de la liaison par autocar avec Paris, exploitée par l'entreprise TPB, filiale de la SAGEB. "Les usagers de la ligne de bus (...) financent donc les services aéroportuaires, à la place des compagnies aériennes", estiment-ils.

"Seule une télécopie tient lieu de contrat" 

La Cour considère par ailleurs que "les activités d'assistance en escale pour le compte des compagnies aériennes sont (...) assurées à perte par la SAGEB", qui conteste cette accusation mais indique "ne pas tenir de comptabilité commerciale séparée" pour ces prestations.

Principal bénéficiaire de ces avantages, Ryanair génère depuis vingt ans plus de 80% du trafic de l'aéroport, mais "seule une télécopie tient lieu de contrat (...) de 2002 à 2012", rendant l'accord "juridiquement fragile" et "préjudiciable" à la SAGEB, qui a concédé au fil des ans des rabais croissants à son principal client.

Ces arrangements n'ont fait "l'objet d'aucune notification" à l'État ni à la Commission européenne et "l'analyse des échanges entre Ryanair et la SAGEB démontre l'intention délibérée des parties de déroger" aux tarifs en vigueur.

Les magistrats déplorent aussi les "lacunes" du SMABT, l'absence de réaction du préfet et les manquements des commissaires aux comptes. Ils demandent enfin à l'État d'"analyser les impacts fiscaux des accords illicites entre la compagnie Ryanair et le gestionnaire de l'aéroport" de Beauvais.

Y.D. avec AFP