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Safran s'attend à une baisse de son chiffre d'affaires d'un tiers en 2020

Le moteur Leap produit par Safran et General Electric

Le moteur Leap produit par Safran et General Electric - AFP

Le motoriste français, directement impacté par la crise de l'aérien, a enregistré un recul de son chiffre d'affaires de 27,6% à 8,8 milliards d'euros.

Le motoriste et équipementier aéronautique Safran, affecté depuis mars par la crise du secteur aérien due à la pandémie de Covid-19, prévoit une baisse de son chiffre d'affaires ajusté "d'environ 35%" sur l'ensemble de l'année 2020.

Au premier semestre, le groupe a enregistré un recul de son chiffre d'affaires de 27,6% à 8,8 milliards d'euros, et une perte nette de 340 millions d'euros en raison d'effets comptables liées aux couvertures de changes, selon un communiqué publié jeudi.

Ajusté de ces effets comptables, le bénéfice net s'élève à 501 millions d'euros et le bénéfice opérationnel courant à 947 millions, en baisse de 49,7% comparé aux six premiers mois de 2019.

Baisse des effectifs

"Nos activités ont été fortement affectées par cette crise au deuxième trimestre", observe le directeur général de Safran Philippe Petitcolin, cité dans le communiqué. "Malgré les incertitudes entourant la seconde partie de l'année, nous visons une marge opérationnelle de 10% en 2020 et un 'cashflow' libre (flux de trésorerie) à nouveau positif au second semestre."

Confronté à l'effondrement du trafic aérien mondial et aux baisses de cadences de production décidées par les avionneurs, Safran est parvenu à maintenir sa marge opérationnelle à 10,8% au premier semestre (près de cinq points de moins qu'un an plus tôt).

Il a pour cela "considérablement renforcé" fin mars un plan d'adaptation mis en oeuvre face à l'impact de la crise du Boeing 737 MAX dont Safran fournit tous les moteurs.

Le groupe, qui employait 95.000 personnes dans 27 pays fin 2019, a ainsi fait baisser ses effectifs de 12% (14% en tenant compte des intérimaires).

Coupes massives

En France, où il compte 45.000 salariés, Safran a conclu avec les syndicats un "accord de transformation d'activité" qui doit lui permettre de "passer les 12 à 18 prochains mois de crise en préservant les compétences et la compétitivité des activités françaises".

Ce plan comprend un dispositif d'activité partielle de longue durée (APLD) et des mesures d'incitation au départ en retraite pour 3.000 personnes.

Un quart des salariés de Safran sont actuellement en chômage partiel et 14 sites fermés dans le monde en raison du manque d'activité.

Au cours du semestre, le groupe a également taillé dans les coûts en baissant de 74% les dépenses d'investissement, de 17% ses coûts opérationnels et de 31% ses dépenses de recherche-développement.

Recherche en berne

Le soutien de 1,5 milliard d'euros annoncé par le gouvernement français pour soutenir l'innovation de la filière aéronautique dans les technologies de l'"avion vert" permettra toutefois "de maintenir un niveau d'activité de R&T (recherche-technologie) soutenu", prévoit Safran.

La propulsion aéronautique, qui représente la moitié de l'activité, a vu son chiffre d'affaires baisser de près d'un tiers sur la période.

Safran a ainsi livré 450 moteurs Leap, qui équipent tous les 737 MAX et plus de la moitié des Airbus A320. C'est presque moitié moins qu'un an plus tôt et le groupe s'attend à n'en livrer que "de l'ordre de 800" sur l'année, contre 1.736 l'an passé.

Les activités de services pour moteurs civils ont elles chuté de 66% au deuxième trimestre, quand une grande partie de la flotte aérienne mondiale était clouée au sol par la pandémie. La baisse devrait être "autour de 50%" sur l'année.

TL, avec AFP