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Sale temps pour Google en Russie

En 2010, les dirigeants de Yandex étaient reçu par Dmitri Medvedev, alors président, pour les féliciter d'avoir créé un concurrent de Google.

En 2010, les dirigeants de Yandex étaient reçu par Dmitri Medvedev, alors président, pour les féliciter d'avoir créé un concurrent de Google. - Tony Avelar - AFP

Saisie par Yandex, le moteur de recherche russe, l’autorité anti-monopole reproche à Google d’imposer ses services sur les smartphones sous Android. Le géant français risque une amende équivalent à 15% de son chiffre d’affaires sur le mobile.

L’Europe n'en finit pas d'instruire le dossier Google accusé d'abus de position dominante. En Russie, l’affaire a été expédiée. À la suite d’une plainte de son concurrent local, Yandex, auprès du Service fédéral anti-monopole (FAS), le géant américain a été reconnu coupable d'abus de position dominante avec son système Android.

Cette condamnation aura de lourdes conséquences financières. Google devra régler une amende qui, selon la loi en vigueur en Russie, pourrait atteindre 15% du chiffre d’affaires du secteur impliqué, soit les applications mobiles.

Le groupe californien assure n’avoir pas encore reçu la décision de l'autorité russe. Mais le régulateur a, d'ores et déjà annoncé que d'ici dix jours (ouvrables) il aurait rédigé le courrier intimant à Google de se mettre en conformité avec les lois anticoncurrentielles russes.

Google seulement numéro 2 en Russie

L’affaire n’est pourtant pas simple. Si Android, le système mobile de Google, équipe effectivement 86% des appareils mobiles, le moteur de recherche le plus utilisé au monde n’est pas leader en Russie. Yandex y est numéro 1 dans la recherche avec une part de marché estimée à 60%.

Toutefois, selon des experts cités par l’AFP, la puissance du Russe diminue peu à peu du fait de la forte progression des smartphones sous Android sur lesquels le moteur de Google est prioritaire.

Cette décision fait évidemment les affaires de Yandex. Le cours de son action a bondi de 7% dans les premiers échanges. Et sur un plan plus politique, Arkadi Voloj, le fondateur de Yandex s’est félicité auprès de l’AFP de la rapidité de cette décision: "Bien que la Commission européenne ait lancé une enquête sur les mêmes pratiques dénoncées ici, la Russie est la première juridiction ayant officiellement qualifié ces pratiques d'anticoncurrentielles" a-t-il expliqué. 

En Europe, les dix-sept entreprises européennes qui ont porté plainte en 2013 auprès de la Commission européenne pour abus de position dominante, attendent, elles, le dénouement avec impatience. Google risque cette fois une amende représentant 10% de ses revenus mondiaux, soit près de 6 milliards d’euros. Et Google est également menacé en Inde, où une amende d'un montant identique pourrait lui être infligée.

En août, dans un billet de blog titré "Améliorer la qualité ne porte pas atteinte à la concurrence", Google répliquait à l’Europe. Kent Walker, Vice-président senior et directeur juridique de Google affirmait que "les conclusions préliminaires de la communication des griefs sont erronées, tant en ce qui concerne les faits, qu'en termes économiques ou juridiques".

Pour le moment, le groupe américain n'a pas encore répondu aux autorités russes et n'a pas désiré commenter l'affaire.

Pascal Samama