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Salesforce veut enterrer Excel

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Spécialisé dans le cloud et la manipulation de données clients, Salesforce se renforce dans l’analyse et la visualisation des données en rachetant –par échange d’actions- l’américain Tableau Software pour 15,7 milliards. Objectif : ringardiser Excel.

Une fois les données récoltées, le plus important consiste à les visualiser et à les analyser afin de leur apporter cette valeur tant recherchée par les entreprises. C’est le cœur du métier de Tableau Software, éditeur de logiciels américain racheté aujourd’hui par Salesforce pour 15,7 milliards de dollars (par échange d’actions).

En combinant l’informatique décisionnelle à la visualisation des données, saupoudrée d’un zest de démocratisation de l’interface, Tableau Software s’est taillée une solide réputation dans le secteur auprès de 86000 clients parmi lesquels figurent des sociétés qui manipulent énormément de données comme Verizon, Netflix aux Etats Unis, La Poste, Solocal, le CEA, PSA ou encore Criteo en France. Sa croissance en terme d’adoption se positionne juste derrière celle de Slack.

Sa plateforme les aide à organiser les informations recueillies, à les présenter sous une forme plus graphique (c’est un ancien de Pixar qui pilote cette partie) et plus compréhensible par les décideurs en entreprise. L’intérêt de Salesforce pour sa nouvelle entité tient aussi dans la gamme d’outils de nettoyage et d’outils d’apprentissage autour notamment de la collecte de données personnelles.

Belle affaire

Après le rachat de Looker, spécialiste en outils de visualisation, par Google, les grandes manœuvres sont donc de retour entre grands acteurs de l’IT pour optimiser la gestion des données produites par les entreprises. Ce rachat de Tableau Software par Salesforce illustre le grand retour de la Business Intelligence (BI) très en vogue au début des années 2000.

Mais avec les puissances de calcul promises par le cloud, les nouvelles interfaces de programmation (API) qui optimisent les échanges entre les applications et des interfaces graphiques plus ergonomiques, adaptables aux PC, tablettes et mobiles, ces outils de visualisation et de tableau de bord rencontrent un fort succès et ringardisent les anciens outils de BI. Un marché qui semblait verrouillé par IBM, Microsoft, SAP et Oracle.

Mais aujourd’hui, ce type d’outils cible surtout les utilisateurs d’Excel. Des collaborateurs issus de tous les métiers de l’entreprise qui veulent voir et comprendre leurs données sans avoir recours à l’expert BI maison. Ils ne veulent plus avoir à développer scripts ou macros mais récupérer des tableaux en glissant simplement les données dans des outils tels que ceux de Tableau. C’est d’ailleurs ce qui a aussi séduit Salesforce avec une stratégie commerciale qui vise tous les utilisateurs métiers de l’entreprise aux directions achats, finances, marketing.

Parions enfin qu’avec Salesforce, Tableau Software va peut être corriger l’un des points noirs relevés par les analystes, son prix. La solution est en effet jugée assez chère par le marché. Pour les plus experts, il manque également une fonction de transformation des données pour une meilleure interaction entre bases, clouds, application.

Reste que l’ensemble apparaît comme une belle affaire pour Saleforce, surtout payée par échange d’actions. Installé à Seattle et dirigé par Adam Selipsky, un ancien dirigeant d’Amazon (et qui devrait rester en place), Tableau Software devrait selon Salesforce, lui apporter entre 350 et 400 millions de dollars à l’exercice fiscal 2020 en plus de ses 2400 spécialistes.

Frédéric SIMOTTEL