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Le salon LeWeb permet-il aux start-up de trouver de l’argent?

"Très peu d'investisseurs en France" déplore le fondateur du site de vente de lingerie "Adore Me", qui a levé 3 millions de dollars aux Etats-Unis.

"Très peu d'investisseurs en France" déplore le fondateur du site de vente de lingerie "Adore Me", qui a levé 3 millions de dollars aux Etats-Unis. - -

Les start-upers interrogés ont des réponses mitigées: selon eux, le salon permet surtout de nouer des contacts, mais pas forcément décisifs.

"Xavier Niel, Marc Simoncini, toutes les stars françaises et européennes sont là avec leur chéquier. Et littéralement, des start-up sont financées pendant la conférence!". Voilà comment Loïc Le Meur, l’organisateur du salon LeWeb, décrit son bébé. Et, en effet, beaucoup de participants à l'événement sont des start-upers espérant lever des fonds. Y arrivent-ils? Oui et non. Cinq témoignages.

> Cyril Paglino, fondateur de Wizee (site et web agency spécialisée dans les célébrités)

"Je suis venu au Web il y a deux ans, notamment pour rencontrer des business angels en vue d’une levée de fonds. J’ai réussi à avoir une invitation car je connaissais les organisateurs. Je n’avais pris aucun rendez-vous avant, j’abordais les investisseurs au culot, lors des pauses café, quand ils étaient disponibles.

J’insistais un peu, mais en évitant d’être lourd. Aucun ne m’a envoyé promener. Au pire, ils m’accordaient 3 ou 4 minutes, d’autres plus de temps. J’avais plusieurs versions de mon pitch plus ou moins longues selon l’intérêt de l’interlocuteur. Au total, j’en ai ainsi rencontré une dizaine. Deux d’entre eux finiront par participer à notre levée de 300 000 euros".

> Jean-Baptiste Hironde, fondateur de edjing (application de DJ virtuel)

"Il y a deux ans, nous préparions notre levée de fonds, et donc je suis venu au Web dans ce but. J’avais bénéficié du tarif start up à 800 ou 900 euros. J’avais demandé avant le salon une vingtaine de rendez-vous avec des investisseurs, et j’en ai obtenu finalement quatre ou cinq. Mais ils étaient pressés et n’avaient pas plus de 15 minutes à m’accorder.

J’en ai aussi abordé d’autres au culot, comme Marc Simoncini à la fin de sa présentation. Les investisseurs étaient plus disponibles le soir. Au final, plusieurs m’ont dit que le concept n’était pas encore assez mûr.

D’autres étaient plus intéressés, et je les ai re-démarchés après le salon. J’ai notamment été reçu par Marc Simoncini. Finalement, en juin 2011, nous avons levés nos fonds, mais auprès d’un investisseur, HDF, que nous n’avions pas rencontrés lors du salon.

Je suis revenu cette année car nous souhaitons lever à nouveau plusieurs millions d’euros, afin de financer notre développement à l’international. Nous avons programmé à l’avance 5 à 10 rendez-vous avec des investisseurs. Le salon permet notamment de rencontrer des investisseurs américains, ce qui est très utile".

> Morgan Hermand-Waïche, fondateur de Adore Me (site américain de vente de lingerie)

"Je suis venu au Web il y a deux ans et j'avais payé l'entrée dans les 500 dollars. A l'époque, je cherchais à rencontrer des investisseurs pour ma start up, mais cela n'a finalement rien donné. Le problème est qu'aborder les business angels ou les fonds d'investissement pendant le salon est compliqué, car ils ne sont pas très disponibles.

Au mieux, le salon permet de prendre leur carte de visite, et de les revoir après s'ils acceptent. Lors de la soirée, j'ai eu la chance de discuter une quinzaine de minutes avec un célèbre entrepreneur français qui avait revendu sa société à Yahoo! Il avait beaucoup aimé mon projet, mais il n'y a pas eu de suite de sa part.

Je suggèrerai aux organisateurs de créer un espace consacré aux rencontres entre investisseurs et entrepreneurs (avec une sélection préalable des entrepreneurs), ce qui serait utile et facile à faire.

Au final, le vrai problème reste surtout qu'il y a très peu d'investisseurs en France par rapport aux Etats-Unis, où j'ai finalement levé 3 millions de dollars".

> Christopher Coman, co-fondateur de Feedbac (site d’orientation scolaire pour les lycéens)

"J’ai obtenu une invitation pour LeWeb par une relation, sinon je n’aurai pas pu me payer l’entrée. Je suis venu pour me renseigner sur les dernières technologies, écouter les orateurs, et faire du networking. En effet, nous envisageons une levée de fonds en mars-avril, et je suis venu prendre quelques contacts en amont. Mais, en pratique, j’ai surtout discuté avec des gens de mon âge et de mon milieu. Car c’est un peu difficile de rencontrer des investisseurs quand on ne connaît personne.

Ce n’est pas une question de timidité, car je sais avoir du culot quand il le faut : l’autre jour, au salon de l’éducation, j’ai réussi à présenter mon site à Vincent Peillon alors qu’il était entouré par une vingtaine de personnes.

Ce serait bien de créer au Web un lieu où entrepreneurs et investisseurs pourraient échanger. Finalement, je pense que pour lever de l’argent, le réseau des grandes écoles – ma société est hébergée par l’incubateur de l’Essec- est plus utile".

> Thomas Lemoine, co-fondateur de Digital Rent Payment (service de paiement de loyers en ligne) :

"J’aurais bien aimé venir au Web, qui a l’air intéressant, et même incontournable, pour écouter des influenceurs et faire du networking, car nous comptons lever des fonds à un moment donné.

Malheureusement, je n’ai jamais pu venir, car les tarifs sont très élevés. Même le tarif étudiant à 300 euros représente une somme conséquente pour moi. C’est dommage, car cela réserve le salon surtout à ceux dont la société peut payer l’entrée.

En revanche, je me rends à des salons gratuits du même type, comme le celui des entrepreneurs ou celui du e-commerce".

Jamal Henni