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L'industriel Serge Dassault est mort à 93 ans

Âgé de 93 ans, le patron du groupe aéronautique français Dassault Aviation était la cinquième plus grande fortune française.

Ingénieur, dirigeant du groupe aéronautique familial, patron de presse et aussi homme politique Serge Dassault est décédé ce lundi 28 mai, selon une information de BFMTV dans son bureau. Il avait 93 ans. 

"C’est avec une infinie tristesse que nous apprenons la disparition de Monsieur Serge Dassault, Président-Directeur général du Groupe Dassault et ancien Président-Directeur général de Dassault Aviation, a fait savoir le groupe Dassault dans un communiqué. Le groupe Dassault Aviation, son management, ses ingénieurs, techniciens, employés et compagnons adressent à Madame Dassault, à ses enfants et à ses petits-enfants leurs condoléances les plus sincères et les plus émues."

Le patron du groupe Dassault faisait partie depuis des décennies des plus grandes fortunes françaises. Dans la dernière mouture du classement des 500 plus grandes fortunes de Challenges, il figurait au cinquième rang avec un patrimoine estimé à 21,6 milliards d’euros. Mais ce classement date d’il y a dix mois et entre temps, le cours de l’action Dassault Systèmes a progressé de près de 50%. Or la famille Dassault détient un peu plus de 40% des titres de cette entreprise spécialisée dans les logiciels de conception 3D.

Né en 1925 à Paris, Serge Bloch prend comme sa famille le nom Dassault en 1946. C'est son père Marcel qui en 1946 a fait changer son patronyme en Bloch-Dassault, puis en Dassault. Dassault est une déformation du nom de code "Chardasso", un des pseudonymes utilisés par son frère, le général Darius Paul Bloch, dans la résistance.

Le décollage tardif du Rafale

Diplômé en 1951 de l'école d'ingénieur toulousaine Supaero, Serge Dassault entre à "Générale Aéronautique Marcel Dassault", comme ingénieur, au bureau d'études des avions de série.

En 1955, il est nommé directeur des essais en vol (premier vol du Mirage I) et six ans après, directeur de l'exportation et, en 1962, lance le Mystère 20 à l'exposition de la National Business Aviation Association à Pittsburgh.

Après plusieurs fonctions de direction dans le groupe, il succède à son père Marcel Dassault (disparu en 1986) comme président-directeur général de Dassault Industries en 1987. En 2000, il devient président d'honneur de Dassault Aviation. Le 27 juin 2014, il choisit Charles Edelstenne pour lui succéder à la tête du groupe.

Dassault Systèmes, la pépite tech française

Au sein du groupe, il accompagne le développement de l'avion de combat Rafale qui effectue son premier vol de démonstration en 1986 avant sa mise en service en 2004. Ce chasseur de quatrième génération qui équipe l'armée française depuis douze ans (180 appareils commandés à ce jour par l'armée française), aura mis du temps à décoller à l'export. Pour l'heure, 72 Rafale ont été commandés par des armées étrangères (Qatar, Inde et Egypte).

C'est néanmoins dans l'aviation civile avec la gamme Falcon que Dassault tirera l'essentiel de son développement dans les années 80 et 90. Avec le ralentissement des commandes militaires, Serge Dassault rationalise l'entreprise, ferme quatre sites et oriente la société sur les jets d'affaires. Le nombre de salariés passe de 16.000 à 9.000, une usine est inaugurée à Little Rock aux Etats-Unis où Dassault va produire une partie des jets Falcon, dont le fameux Falcon 2000. En 1999, pour la première fois dans l'histoire de la société, la part de l'activité civile dans le chiffre d'affaires de la société est plus importante que la part de l'activité militaire (68 % contre 32 %).

Mais c'est le développement de l'activité logicielle Dassault Systèmes qui est à l'origine de la flambée de la fortune de la famille Dassault. Créé en 1981, Dassault Systèmes développe des logiciels pour l'industrie dédiés à la conception assistée par ordinateur. Cotée en Bourse depuis 1996, Dassault Systèmes vaut aujourd'hui plus de 30 milliards d'euros. La famille Dassault qui possède 40% du capital de cette pépite de la tech française en tire l'essentiel de sa fortune, soit 12 milliards d'euros. 

Serge Dassault était aussi patron de presse. A l'image de son père Marcel, éditeur du magazine Jours de France, Serge se lance dans la presse en achetant la Socpresse au groupe Hersant en 2004. Il devient ainsi propriétaire du Figaro, mais aussi du groupe Express-Roularta, dont il se séparera totalement deux ans plus tard.