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SFR met 10 milliards sur la table pour Bouygues Telecom

SFR offrirait 10 milliards d'euros pour racheter Bouygues Telecom.

SFR offrirait 10 milliards d'euros pour racheter Bouygues Telecom. - Charles Platiau - Reuters

Patrick Drahi, aujourd'hui propriétaire de SFR, aurait fait il y a dix jours une offre de 10 milliards de dollars pour racheter Bouygues Telecom. Une proposition que Martin Bouygues pourrait bien accepter. Sous conditions.

Voilà une offre que Martin Bouygues va avoir plus de mal à refuser que les 6 milliards proposés par Free l'an dernier. SFR, l'opérateur aujourd'hui détenu par le financier Patrick Drahi, patron d'Altice, aurait fait une offre de 10 milliards d'euros pour racheter la filiale Telecom de son conglomérat. Une information du Journal du Dimanche ce 21 juin. Un conseil d'administration se tiendra mardi chez Bouygues pour examiner cette offre.

Elle aurait été proposée il y a dix jours par Patrick Drahi, très gourmand en termes de rachats. Il la paierait en cash, selon le JDD, grâce à un autre emprunt auprès de BNP Paribas. Sa dette de 32 milliards d'euros s'alourdirait alors de 10 milliards. Et selon l'hebdomadaire, cette nouvelle offensive, après une première proposition à 7,5 milliards d'euros, repoussée par Martin Bouygues en 2014, "pourrait bien être la bonne". Elle ferait de SFR-Bouygues Telecom le premier opérateur mobile français et deuxième pour l'accès à internet, derrière Orange. 

L'argent ne suffira pas

Si le patron du groupe Bouygues continue de repousser les avances de ses prétendants, le JDD y voit plutôt une manière de faire monter les enchères qu'un refus catégorique de vendre. Le journal avance même que Martin Bouygues serait prêt à se séparer de son bébé pour 11 milliards d'euros. Une somme très proche du montant proposé cette fois par SFR. Et qui dépasse largement –de 25%- l'estimation du coût de la filiale par les marchés, de 8 milliards d'euros.

Mais l'argent ne suffira pas, continue l'auteur de l'article. "Des offres de Drahi, on en reçoit tous les quinze jours. Si la sienne est conditionnée au feu vert de l'Autorité de la concurrence, on ne la regardera même pas", prévient un administrateur de Bouygues Telecom cité par le JDD. Les obstacles à la bonne tenue de la concurrence seraient en effet nombreux en cas de rapprochement entre les deux opérateurs.

Orange et Free à la rescousse

A ce titre, le nouveau tycoon des télécoms, Patrick Drahi, qui a acheté l'année dernière SFR au terme d'une bataille épique avec Martin Bouygues justement, mais aussi Portugal Telecom et l'américain Suddenlink, a déjà quelques pistes. Au terme de négociations "difficiles" avec Xavier Niel, le dirigeant de Free, il a conclu un accord pour lui revendre une partie des fréquences, des antennes et des boutiques de Bouygues Telecom.

Un autre accord, cette fois avec Orange, lui permettrait de respecter la règle qui lui interdit de licencier jusqu'en 2017. Une position intenable tant les doublons seraient importants en cas de mariage SFR-Bouygues. Le groupe de Stéphane Richard reprendrait ainsi "plusieurs centaines de salariés de Bouygues Telecom", indique le JDD. L'opérateur historique pourrait absorber ces nouveaux venus grâce aux 30.000 départs en retraites prévus en son sein d'ici 2020.

Le coup de maître de Martin Bouygues

Après plusieurs refus successifs donc, Martin Bouygues pourrait bien se laisser tenter cette fois. Celui qui écartait l'option d'une vente de sa filiale Telecom –"vous vendriez votre femme?", demandait-il au JDD à propos des offres successives sur le groupe- réaliserait ainsi un coup de maître. La première proposition, émanant de Free, n'excédait pas les 6 milliards d'euros. Et déjà à l'époque, ses proches et ses banquiers lui conseillaient d'accepter.

S'il parvenait à obtenir 11 milliards d'euros de Drahi, il toucherait un "jackpot inespéré", qui égale presque la valorisation en Bourse de l'intégralité du groupe Bouygues. Ajouté aux plus-values réalisées sur la vente de ses parts dans Alstom en 2014, son trésor de guerre pourrait atteindre les 12 milliards d'euros. De quoi repartir à la chasse sur de grands groupes industriels français, pourquoi pas Veolia, avance le JDD. Ou au contraire, monter à 50% du capital de Bouygues afin d'en verrouiller le contrôle pour ses enfants, et se retirer après 26 ans passés à la tête du groupe.

N.G.