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Silicani (Arcep): "l'arrivée de Free a mis fin à un système de rente"

Le régulateur des télécoms a rappelé "l'oligopole" qui régnait dans le mobile

Le régulateur des télécoms a rappelé "l'oligopole" qui régnait dans le mobile - -

Invité de BFM Business ce vendredi 8 février, le gendarme des télécoms a dressé un bilan positif de l'arrivée du 4ème opérateur mobile, mais admet que les prix ne peuvent baisser "durablement".

"Nous sommes contents, mais réalistes". Intervenant sur BFM Business vendredi 8 février, Jean-Ludovic Silicanic a défendu l'arrivée controversée du 4ème opérateur de téléphone mobile, Free.

Selon le président de l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), "les opérateurs mobiles sont très solides. Ils ont des marges importantes. Il y avait dans le mobile un oligopole, un sytème de rente. Il y a 3 ans, les opérateurs avaient en moyenne des marges brutes d'exploitation de 34% à 35%. C'est un taux similaire à celui des opérateurs mobiles américains, mais très supérieur à la moyenne de l'économie".

Problème: "ces très forts bénéfices n'allaient pas au consommateur, mais un peu à l'investissement, et surtout aux dividendes", a déploré le gendarme des télécoms, invité de Good Morning Business. Résultat: "il y a 4 ans, nous avions des prix supérieurs à la moyenne européenne".

Face à cette situation, "les pouvoirs publics -le gouvernement et le régulateur- ont estimé qu'il fallait revoir le partage de la valeur entre actionnaires, salariés et consommateurs".

Baisse des importations

D'où l'arrivée de Free, dont Jean-Ludovic Silicani a tiré un bilan globalement positif: "on est assez heureux d'avoir donné au consommateur 2 milliards d'euros de pouvoir d'achat en un an, dans une période de crise". Certes, "les marges des autres opérateurs baissent", et leurs revenus ont reculé "d'à peu près 10%" en valeur, mais cela a été tempéré par une forte hausse des volumes.

Le régulateur des télécoms conteste que cela ait profité surtout aux fabricants de téléphones mobiles, tous étrangers: "le nombre de terminaux vendus a baissé, donc les importations aussi".

Il s'est félicité que de plus en plus de Français puissent désormais quitter à tout moment leur opérateur: un tiers des abonnés fin 2012, contre 20% auparavant. "Le consommateur doit avoir la possibilité de choisir. On est arrivé à ce résultat".

Carotte et bâton

Mais Jean-Ludovic Silicani s'est défendu d'être là uniquement pour ponctionner les télécoms: "il faut que nos décisions permettent aux opérateurs de continuer à se développer". En particulier, il a conscience que "le marché traverse une période difficile, avec une période de croissance très faible, voire nulle".

Il place des espoirs dans l'arrivée de la prochaine génération, la 4G, qui "apporte des opportunités de rebond en croissance et en prix". Car "on ne peut pas avoir des prix qui baissent durablement".

Interrogé sur la demande de Bouygues Telecom d'utiliser ses fréquences 2G pour faire de la 4G, il a promis une "décision dans 15 jours", qui "n'entraînera pas une baisse du prix de la 4G". Mais "tous les opérateurs mobiles savaient depuis deux ans que cette possibilité existait".

Jamal Henni