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SNCF: les vraies raisons de la grève des cheminots

Les salariés craignent un éclatement du système ferroviaire.

Les salariés craignent un éclatement du système ferroviaire. - -

A partir de ce mercredi 12 juin au soir, moins de 4 trains sur 10, en moyenne, seront en circulation sur les lignes TGV et TER. Les syndicats ont appelé à un important mouvement de protestation contre la réforme ferroviaire. Est-ce la seule raison ?

Les cheminots font pression sur le gouvernement. A partir de ce mercredi 12 juin à 19h, un mouvement de grève lancé par les quatre syndicats représentatifs à la SNCF (UNSA, Sud, CFDT et CGT) va toucher l'ensemble du réseau avec, en moyenne, 4 trains sur 10 circulant pour les lignes TER et TGV. Le mouvement doit se poursuivre jusqu'à vendredi soir.

Pour les syndicats, tout l'enjeu est de faire pression sur le gouvernement et marquer leur désapprobation avec le projet de réforme ferroviaire. Ce chantier doit être porté par un projet de loi dont le texte complet sera présenté en Conseil des ministres cet été. Le 29 mai dernier, Frédéric Cuvillier a déjà soumis les grandes lignes du futur projet, reprenant in extenso le rapport Bianco.

Officiellement, ce dernier texte ne convainc pas les syndicats. Un porte-parole de la SNCF évoque ainsi "une grève d'inquiétude" de leur part "au moment où une réforme importante s'engage".

Une réorganisation qui ne convainc pas

Le projet prévoit une réorganisation complexe entre RFF (Réseau Ferré de France) et la SNCF. Un pôle sera créé pour regrouper les gestionnaires d'infrastructures (RFF, SNCF infra, c’est-à-dire la division de la SNCF travaillant à la maintenance du réseau, ainsi que la Direction de la circulation ferroviaire). Cette entité, d'une part, et la SNCF, d'autre part, seront coiffées par une société mère.

Or, les syndicats ne se satisfont pas de cette structure à trois têtes dont ils craignent qu'elle n'ouvre la voie à un éclatement du système ferroviaire. A contrario, ils réclament une véritable fusion au sein de la SNCF. Une possibilité que Bruxelles écarterait de toute façon puisque l'exécutif européen demande la séparation stricte entre transporteur ferroviaire et gestionnaire de réseau.

De plus, les syndicats craignent "la casse des conditions sociales des cheminots". Pourtant, le gouvernement s'est voulu rassurant sur ce point. Si la réforme ferroviaire "entraînera une refondation du pacte social", le statut de cheminots devra être préservé dans le cadre d'un socle social. Le gouvernement assure que celui-ci ne sera pas établi "sans l'adhésion des salariés".

Enfin, les cheminots estiment que la réforme ferroviaire ne permet pas de régler le problème de la lourde dette de RFF (31,5 milliards d'euros), ce qui est censé être son but premier. A leur crédit, il est vrai que la complexité du projet rend peu lisible les éventuelles économies.

La crainte d'une privatisation partielle

Outre, la réforme ferroviaire, les syndicats peuvent également montrer leur crainte quant à un désengagement de l'Etat. Le secrétaire général de la CGT ,Thierry Le Paon avait, le 12 mai dernier sur Europe 1, fait part de ses inquiétudes sur le sujet, estimant que le gouvernement "a lâché (...) sur la cession d'actifs de l'Etat dans deux grandes entreprises, EDF et la SNCF.

"Cela veut dire que demain on risque d'avoir une ouverture à la concurrence, voire une privatisation de deux grandes entreprises qui aujourd'hui structurent notre pays", expliquait-il.

Par ailleurs, cette grève ne serait-elle pas un moyen pour les syndicats de faire pression sur l'exécutif pour que celui-ci ne touche pas aux généreux régimes spéciaux de retraites des cheminots ?

"Personne n'a intérêt à faire échouer cette réforme en créant l'amalgame avec la réforme des retraites, qui concerne tous les Français", juge Guillaume Pepy, PDG de la SNCF cité par le Figaro de ce mercredi 12 juin.

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Julien Marion