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Transports

SNCM: le ton monte entre syndicats et gouvernement

La SNCM est en grève depuis le 24 juin.

La SNCM est en grève depuis le 24 juin. - -

Pour les syndicats de la Société nationale maritime Corse Méditerranée, la perspective d'un redressement judiciaire, préconisée par le gouvernement, conduirait au démantèlement de la compagnie, déjà en grande difficulté.

Les principaux syndicats de la SNCM ont accueilli samedi d'une volée de bois vert la solution d'un redressement judiciaire que semble préconiser le gouvernement, qui conduirait tout droit selon eux au "démantèlement" de la compagnie maritime en difficulté, enlisée dans une grève dure. Les syndicats ont voté, ce samedi, la reconduction du mouvement de grève, entamé le 24 juin, jusqu'à lundi.

Les salariés réclamaient depuis plusieurs mois une "clarification" de la position du gouvernement, qui, après avoir validé début janvier un plan de relance de la compagnie passant notamment par l'acquisition de quatre nouveaux navires, avait finalement bloqué le processus de commande fin février.

"Le seul moyen pour redonner un avenir à la SNCM"

Dans les colonnes de La Provence samedi, le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, leur a donc répondu plus précisément: "la voie redressement judiciaire" favorisée par "la direction de l'entreprise" est "le seul moyen pour redonner un avenir à la SNCM, faire qu'elle redevienne un fleuron", a-t-il affirmé.

C'est la première fois que l'Etat, actionnaire à 25% de la SNCM aux côtés de Transdev (66%) et des salariés (9%), envisage publiquement cette option comme une solution aux déboires récurrents de l'entreprise (14 millions de pertes en 2012). Cette perspective a immédiatement fait bondir les deux principaux syndicats.

"Le redressement judiciaire, c'est un moyen de démanteler la SNCM, avec plus d'un millier de licenciements. Ce n'est pas acceptable pour nous. Frédéric Cuvillier est un menteur et un liquidateur. Il a fallu 12 jours de grève, précédés d'un préavis d'un mois, pour avoir ça?", a fulminé le représentant CGT des marins, Frédéric Alpozzo. Le secrétaire d'Etat aux Transports est "passé aux aveux. Si nous n'avions pas porté l'exigence de clarification et de vérité, on nous aurait caché la vérité jusqu'en octobre. C'est un procédé honteux, scandaleux", a aussi lancé Maurice Perrin, délégué CFE-CGC et représentant des actionnaires salariés au conseil de surveillance.

Atmosphère crispée

Dans un courrier adressé aux organisations syndicales, Frédéric Cuvillier insiste pourtant sur le fait qu'un redressement judiciaire serait "le contraire d'une liquidation". Et il confirme que "seul ce plan de redressement pour construire une nouvelle SNCM peut permettre de mettre fin aux contentieux européens".

La SNCM est en effet condamnée par Bruxelles à rembourser 2 fois 220 millions d'euros d'aides publiques jugées illicites, un obstacle infranchissable pour d'éventuels repreneurs. Frédéric Cuvillier "négocie avec Bruxelles un périmètre très réduit de la compagnie, alors que la défense des droits n'est pas épuisée, loin de là", dénonce donc la CFE-CGC.

Le spectre d'une SNCM recentrée sur la seule desserte Marseille-Corse, et délestée de ses liaisons depuis Nice et Toulon, ressurgit donc avec la perspective d'un passage devant le tribunal de commerce, que préconise également Transdev depuis fin février. C'est pourquoi les syndicats évoquent la crainte d'un millier de suppressions d'emplois, en sus des 500 départs volontaires (sur 2600) auxquels ils se sont rangés en janvier.

A.S. avec AFP