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Soldes: le gouvernement opposé à une modification de la législation

Les commerces indépendants se plaignent de l'enchainement des soldes, promotions, ventes privées...

Les commerces indépendants se plaignent de l'enchainement des soldes, promotions, ventes privées... - -

Un amendement au projet de loi de consommation provoque bien des remous en ce premier jour des soldes. Il propose de réviser le système actuel, en faisant disparaître les soldes flottants. Les petits commerçants sont pour, mais Benoît Hamon a fait connaître son opposition.

C’est ce mercredi 26 juin que s’ouvrent les soldes d’été, une période cruciale pour les commerçants et les consommateurs. Les premiers veulent se refaire après une saison plombée par le mauvais temps. Et les seconds veulent profiter des articles bradés pour regagner du pouvoir d’achat malmené en ces temps de crise.

Or, un amendement au projet de loi consommation, en cours de discussion à l’Assemblée nationale, vient semer la discorde au sein de ce bel équilibre. Son auteure, la socialiste Annick Le Loch, voudrait revenir au système qu prévalait avant la loi de modernisation économique du 4 août 2008. A savoir, des soldes fixes d’une durée de six semaines, contre cinq actuellement, et la disparition des soldes flottants, qui permettent aux boutiques de brader leur stock deux semaines dans l’année, selon leur choix.

Le gouvernement a montré son opposition à ces modifications. Benoît Hamon, ministre de la Consommation, a déclaré, sur I-Télé ce 26 juin, que "ce n’est pas parce qu’on change les périodes de soldes qu’ils (les Français) consommeront davantage, ça ne change pas grand-chose".

Sylvia Pinel, la ministre du commerce, est aussi allée dans ce sens. Elle juge que l’urgence n‘est pas de modifier les soldes flottants," mais plutôt de préserver les soldes " a-t-elle déclaré alors qu’elle assistait à l’ouverture des soldes des Galeries Lafayette, à Paris.

Les consommateurs habitués à acheter à prix cassés

Pourtant les retombées économiques des soldes flottants restent à démontrer. Au terme d’une mission réalisée en 2012, le Credoc estime que leur mise en place "n’a pas accru globalement la consommation sur les trois dernières années".

Mais surtout, le système a des effets pervers : les consommateurs sont désormais blasés par l’enchaînement de soldes, ventes privées, promotions et, du coup, rechignent aux achats à plein tarif. La Fédération des enseignes du Commerce Associé (FCA) dénonce, dans un communiqué publié ce 26 juin, "l’indifférence des consommateurs et la confusion du système" car ce qui devait "constituer des événements exceptionnels et festifs", perdent de leur impact.

Ainsi 62% des distributeurs interrogés par le Credoc sont pour la suppression des soldes flottants. Un avis qui prévaut surtout dans les magasins des centres villes, qu’ils soient indépendants ou franchisés de chaînes. Les petits commerçants craignent que leur compétitivité soient mises à mal en focalisant le marché sur les prix.

Des promotions financées par les fournisseurs

Stéphane Treppoz, patron de la boutique en ligne de chaussures Sarenza.com, reconnaît lui-même cette inégalité entre les canaux de distribution.

"Quand on est un gros acteur comme nous, quand on fait une promotion à -20%, on attire la sympathie du client. Or c’est le fournisseur qui nous la finance, car nous sommes un gros client pour lui. Le petit magasin ne peut exercer aucun rapport de force », explique-t-il sur BFM Bbusiness.

Aussi, si l’on veut préserver la diversité du réseau de distribution "il faut que l’on reste avec ce système où en gros, il y a la saison où l’on vend plein pot, sans promotion, le commerçant gagne sa vie. Et pendant les soldes, on a le droit de vendre à parte pour faire venir du cash et libérer les entrepôts".

Et de conclure "Je suis contre les soldes flottants parce que cela affaiblit les magasins". 

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Coralie Cathelinais