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Soulagement sans enthousiasme à l'usine PSA de Rennes

Employés de PSA manifestant notamment contre des suppressions d'emplois sur le site de Rennes-La Janais, en septembre dernier. L'annonce jeudi de l'abandon d'un projet commun de grande voiture avec General Motors a été accueillie sur ce site avec soulagem

Employés de PSA manifestant notamment contre des suppressions d'emplois sur le site de Rennes-La Janais, en septembre dernier. L'annonce jeudi de l'abandon d'un projet commun de grande voiture avec General Motors a été accueillie sur ce site avec soulagem - -

par Pierre-Henri Allain RENNES (Reuters) - A l'usine PSA de Rennes-La Janais, l'annonce de l'abandon d'un projet commun de grande voiture avec...

par Pierre-Henri Allain

RENNES (Reuters) - A l'usine PSA de Rennes-La Janais, l'annonce de l'abandon d'un projet commun de grande voiture avec General Motors a été accueillie avec soulagement mais sans enthousiasme.

PSA Peugeot Citroën et GM ont annoncé jeudi avoir retenu trois projets de véhicules communs mais ont décidé de poursuivre séparément leurs programmes respectifs dans les grands breaks et berlines.

Cette décision était anticipée depuis que PSA avait assuré que le site de Rennes (Ille-et-Vilaine) produirait en 2016 la remplaçante de la Citroën C5 sur la nouvelle plate-forme du groupe.

"Cela peut être positif dans la mesure où PSA garde la construction du haut de gamme chez lui et le haut de gamme de PSA, c'est Rennes. On pouvait craindre aussi que des usines allemandes prennent de l'activité à Rennes", a réagi David Ruelland, délégué du syndicat SIA-GSEA du site breton, où la suppression de 1.400 des 5.600 emplois est programmée dans le cadre de la restructuration engagée par PSA en juillet.

"D'un autre côté, on peut penser qu'une plate-forme commune aurait pu permettre à Rennes de prendre du volume de fabrication chez General Motors."

Philippe Barrier, analyste automobile à la Société générale, relève que "le sujet des grandes voitures était visiblement trop conflictuel entre la France et l'Allemagne".

"Les projets annoncés jeudi (...) et le fait que la JV achats reste limitée à l'Europe montrent qu'on reste loin de l'alliance méga-globale espérée au début, mais les choses avancent quand même", commente-t-il.

"AU RALENTI"

Si les salariés de Rennes sont dubitatifs, c'est qu'ils s'interrogent sur le risque de la spécialisation de leur usine dans les grandes voitures alors que les constructeurs allemands se taillent toujours la part du lion en Europe sur ce segment.

"On sait que le haut de gamme n'est pas le segment le plus porteur et l'absence de plate-forme commune avec General Motors limite les perspectives de solutions en commun sur ce secteur, et donc d'industrialisation accrue du site de Rennes", résume Didier Picard, délégué CFE-CGC.

"L'objectif pour nous est quand même d'arriver à saturation des capacités de production du site (...) pour garantir sa pérennité", ajoute-t-il, espérant que la nouvelle plate-forme - la 'BVH2' qui permettra de construire aussi des modèles plus compacts - y contribuera.

Même méfiance à la CGT, dont le délégué Michel Bourdon souligne aussi qu'"il reste beaucoup d'incertitudes sur la construction de ce prochain véhicule".

"On se demande si l'annonce de la construction d'un véhicule haut de gamme à Rennes n'a pas été faite pour calmer les esprits. Et d'ici 2016, les choses ont le temps de changer", dit-il, rappelant que d'autres usines - comme le site espagnol de Vigo - accueilleront aussi la plate-forme BVH2.

Les dernières annonces de PSA interviennent dans un contexte délicat à Rennes en raison du plan social et de la baisse des cadences. Les toutes dernières Citroën C6 sont sorties mercredi des chaînes de l'usine, dont la production va désormais se cantonner aux Peugeot 508 et Citroën C5 jusqu'en 2015.

"On tourne au ralenti", déplore Michel Bourdon. "L'usine va être fermée trois semaines, avec des jours chômés déjà prévus en janvier, février et mars."

Avec Gilles Guillaume à Paris, édité par Dominique Rodriguez