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STX: la tension monte entre Paris et Rome

Les chantiers navals STX France font l'objet d'un bras de fer entre les autorités françaises et italiennes.

Les chantiers navals STX France font l'objet d'un bras de fer entre les autorités françaises et italiennes. - Loic Venance - AFP

Le gouvernement français se dit prêt à prendre le contrôle des chantiers navals, si Fincantieri n'accepte pas un partage à parts égales. Mais Rome pousse toujours pour que l'industriel italien puisse acquérir plus de 50% du capital de STX France.

L'État prendra le contrôle de STX France en cas d'absence d'accord avec le groupe italien Fincantieri sur un partage à parts égales du capital du constructeur naval, a annoncé ce mercredi Bruno Le Maire.

"Nous souhaitons pouvoir maintenir un contrôle à 50-50 avec nos amis italiens, sur l'avenir de ces chantiers, sur l'emploi, sur le développement du territoire", a-t-il ainsi déclaré sur franceinfo. Mais "si jamais nos amis italiens refusent la proposition honnête qui leur est faite, l'État exercera son droit de préemption", en rachetant "les parts" que Fincantieri devait acquérir, a-t-il mis en garde.

Interrogée par l'AFP, une source proche du ministère italien des Finances a assuré que Rome voulait toujours que Fincantieri ait plus de 50% de STX France, même de peu, opposant une fin de non recevoir à la proposition française. "Hier le gouvernement français a changé les cartes. Il y avait un accord qui a été signé", a-t-elle déclaré. "Les autorités italiennes sont disponibles" pour parler avec Paris et modifier cet accord, mais seulement si "deux conditions sont respectées": que "Fincantieri ait la majorité du capital, même de peu, comme par exemple 51%, et le contrôle du conseil d'administration afin d'assurer une gouvernance adéquate", a assuré cette source.

"Nous, sur STX, nous sommes clairs depuis le début. Le précédent gouvernement français a demandé à Fincantieri de s'intéresser (au dossier) et le groupe l'a fait avec un projet industriel solide aux conditions fondamentales qui sont connues du précédent gouvernement et de l'actuel", a affirmé Carlo Calenda à la presse, ministre italien du Développement économique. "L'Italie n'a aucune intention d'aller de l'avant si ces conditions ne sont pas là, comme l'a également dit (le patron de Fincantieri) Giuseppe Bono", a-t-il ajouté.

Une "échelle de plusieurs dizaines de millions d'euros"

Selon Bruno le Maire, une prise de contrôle de STX par l'État mettrait en jeu un montant "limité". Nous sommes dans une "échelle de plusieurs dizaines de millions d'euros", a-t-il assuré, précisant que cette prise de contrôle serait provisoire. "Nous rachetons les parts, nous sommes majoritaires, et nous donnons du temps pour renégocier un nouveau pacte d'actionnaire", a-t-il expliqué.

Le gouvernement a proposé en début de semaine un partage de STX France à parts égales entre Fincantieri et les partenaires français, avec en contrepartie une coopération accrue entre Paris et Rome dans le domaine du naval militaire.

Selon Bercy, les actionnaires français, dans un tel montage, incluraient Naval Group (ex-DCNS), l'État (via BpiFrance), mais aussi les salariés, que le gouvernement souhaite faire monter au capital de cette nouvelle structure. "Les italiens ont jusqu'à jeudi pour se décider sur le sujet", a insisté Bruno Le Maire.

Y.D. avec AFP