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Tableau de bord du déconfinement: vers une normalisation rapide de l'activité française

Chaque semaine, Emmanuel Lechypre fait un état des lieux de la reprise. Et pour la 4ème semaine, tous les signaux (ou presque) sont au vert !

Mais comment et à quel rythme l’économie française redémarre-t-elle après deux mois de mise à l’arrêt forcé pour endiguer l’épidémie de Covid 19? C’est ce que nous mesurons chaque semaine ce tableau de bord du déconfinement.

Un tableau de bord composé d’une trentaine d’indicateurs existant sur une base hebdomadaire voire quotidienne, qui concernent tous les secteurs de l’industrie, des services, du commerce, qui concernent aussi l’emploi, la confiance des ménages et des entreprises, qui sont publics ou qui nous sont fournis en exclusivité.

D’abord le point de départ : si l’on en croit l’Insee le creux de l’activité a été atteint dans la deuxième quinzaine de mars, avec un rythme d’activité correspondant à 63% seulement du rythme normal.

La normalisation s'est accélérée 

Il y a bien eu un effet accélérateur consécutif à la première étape du déconfinement. Le vendredi 15 mai, notre tableau de bord indiquait déjà une remontée en puissance à hauteur de 75% des capacités habituelles. Deux semaines plus tard, le 29 mai, l’économie française tournait à 80% de ses capacités.

Avec la deuxième étape du déconfinement le 2 juin, la normalisation de la marche des affaires s’est accélérée, et "le taux d’utilisation des capacités de production de l’entreprise France" est repassé au-dessus des 85%!

Les clients ont été au rendez-vous de la réouverture, même partielle, des cafés et restaurants. Les données de la fintech SumUp montrent un bond de 155% des transactions le mardi 2 juin par rapport à la semaine précédente, et le secteur tourne à presque 90% de son rythme habituel, contre 25% la semaine précédente. 

Frénésie dans les jardineries !

Il n’y a pas que dans les cafés et restaurants que les consommateurs délient les cordons de leur bourse, montre le baromètre Payment Data de la fintech CDLK. Dans les boutiques de beauté, de bien-être, de mode, les ventes sont repassées légèrement au-dessus des niveaux d’avant confinement, contre à 20 à 40% du rythme habituel la semaine du 4 mai. Dans les jardineries et animaleries, c’est la frénésie : 50% de fréquentation de plus cette semaine qu’une semaine normale !

Ça redémarre assez fort aussi dans les concessions automobiles: la semaine du 18 mai, la fréquentation n’atteignait que 35% d’une semaine normale, elle est remontée début juin à 70% nous dit 3A Data.

Dans les autres secteurs, la remontée en régime se poursuit. Dans l’industrie selon Ibanfirst, le volume de factures réglées a remonté de 26% en une semaine.

Les transports redémarrent

Autre marché qui se dégèle sensiblement, la publicité. Le nombre de spots diffusés à la télé n’est plus inférieur que de 43% à une semaine normale, contre 67% au cœur du confinement nous dit Admo TV.

Entre la production, et la vente, il y a la logistique, et là encore le redressement est sensible : cette semaine, le nombre de transports effectués est revenu à son niveau d’avant la crise. On était à 50% de moins fin mars début avril selon l’indice Winfret de l’éditeur de logiciel de transport Abacom.

Plus globalement l’utilisation des transports en commun a bien redémarré elle aussi dans les grandes villes françaises, selon Moovit : 50% du trafic habituel à Marseille, 40% seulement à Paris, contre 10 à 20% seulement pendant le confinement.

Point noir de la construction

Du côté de l’emploi, la situation est plus complexe, avec de gros contrastes sectoriels, nous dit Indeed : 30% en dessous du niveau de février en ce qui concerne les offres d’emplois des entreprises, 30% au-dessus en ce qui concerne les candidatures de salariés. Les données sont plus encourageantes pour l’intérim, traditionnellement plus réactif, selon Qapa. Le nombre de missions proposées est revenu à 90% de son rythme normal, contre 60% il y a 3 semaines.

Reste que ce sont les derniers niveaux qui seront les plus compliqués à atteindre. Illustration avec le secteur de la construction: si l’on en croit l’enquête hebdomadaire réalisée par les cellules économiques régionales de la construction (CERC) à l’initiative de la Capeb et de la FFB : 83% des chantiers étaient ouverts cette semaine, contre 53% début mai. Mais attention une grosse moitié seulement d’entre eux affichaient un niveau d’activité normal.