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Taxe Gafa: Leboncoin est un "dégât collatéral" estime son patron Antoine Jouteau

Si Antoine Jouteau comprend la volonté de la France de mieux fiscaliser les plateformes numériques, le directeur général de Leboncoin espère que l'OCDE va rapidement établir une règle commune à tous les pays développés.

Antoine Jouteau, directeur général de Le Bon Coin, était l'invité ce mercredi de l'émission "12H L'heure H" sur BFM Business. Il est revenu sur la taxe Gafa française, entrée en vigueur en juillet dernier, et qui pourrait toucher le groupe dont une partie des revenus est issue de la publicité.

"On ne sait pas encore" si on sera touché par la taxe Gafa "parce qu'il y avait un peu de flou dans la définition du périmètre. En théorie, je vous dirais oui, même si je n'ai pas envie (…). Mais ça reste à confirmer, comme d'autres groupes, comme par exemple Criteo. Il y a assez peu d'élus sur la France, et malheureusement pour nous on est un peu dans les dégâts collatéraux", observe Antoine Jouteau.

"La règle qui va être appliquée, c'est 3% du chiffre d'affaires sur la partie publicitaire, ça va probablement se chiffrer en plusieurs millions d'euros. Mais ça reste à confirmer. Ça va venir s'accumuler aux 55 millions d'impôt sur les sociétés que j'ai payé l'année dernière. Juste pour vous donner un ordre d'idée par rapport à mes homologues américains: l'un paye 16 millions, l'autre paye 187.000 euros", poursuit-il.

"Un groupe comme Leboncoin, qui est un grand groupe français, européen, qui est un grand groupe d'audience, est-ce que c'est normal qu'on paye 55 millions d'euros? Oui (…). Mes homologues qui en payent 16 [millions d'euros], est-ce que c'est normal alors qu'ils font probablement 15 fois plus de chiffre d'affaires que moi, je ne pense pas", souligne-t-il.

"Vision éthique" de l'entreprise

"On soutient une volonté réglementaire, mondiale, de fiscaliser mieux les entreprises et les plateformes parce qu'on a une vision éthique du rôle de l'entreprise. Aujourd'hui, la mission d'une entreprise, c'est de dépasser ses services et aussi de participer à une société plus intelligente, mieux financer. Les Etats aujourd'hui ont besoin d'argent, et ils peuvent trouver cet argent et améliorer notre société grâce à cet impôt", explique le patron de Leboncoin.

"On est d'accord sur ça", mais "on ne veut pas être mis sur le bas-côté de la route parce que nos capacités de financement, de développement, sont moindres, parce que d'autres ne jouent pas le jeu. On veut juste une règle qui s'applique à tous. Là, il se trouve que, oui, je ne suis pas content, parce que je suis un dégât collatéral, mais j'espère que l'OCDE va rapidement corriger cela", précise-t-il.

J. B.