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Taylor Swift, l'icône pop devenue une entrepreneuse redoutée

Taylor Swift avait fait plier Apple l'an passé

Taylor Swift avait fait plier Apple l'an passé - Christopher Polk - Getty Images - AFP

Récompensée par un Grammy Award cette semaine, l'artiste a désormais une popularité qui fait d'elle la personnalité la plus puissante de l'industrie musicale. La jeune femme de 27 ans fait désormais plier les plus puissants.

Le temps où la petite Taylor Swift était surtout connue pour ses relations tumultueuses avec des hommes plus célèbres qu'elle paraît désormais bien loin. La semaine dernière la jeune chanteuse country-rock a assis un peu plus sa notoriété déjà gigantesques outre-Atlantique en remportant le Grammy Award du meilleur album avec 1989, sorti fin 2014.

C'est la deuxième fois que Taylor Swift remporte ce qui est considéré comme le prix le plus important dans l'industrie musicale, après avoir l'avoir déjà décroché avec son premier album Fear. La petite Américaine devient la seule artiste à glaner deux fois cette récompense.

Des millions d'albums vendus

Ses ventes d'albums sont à la hauteur de ce succès critique. Celle qui défile aussi pour Victoria's Secret a été l'artiste qui a vendu le plus de disques en 2014 aux États-Unis avec 3,66 millions de copies écoulées de 1989 (son année de naissance), selon Nielsen. Elle en a encore vendu 2 millions en 2015, seulement battue (largement) par le phénomène Adele et son album 25 écoulé à 7 millions d'unités dans le monde.

Ces chiffres si grands soient-ils ne sont pas hors du commun pour un artiste. Après tout Taylor Swift est encore loin des 29 millions d'unités de l'album Thriller de Michael Jackson. Ce qui fait de la compagne de Calvin Harris une figure singulière dans le showbusiness c'est son influence absolument incroyable sur l'industrie musicale à l'heure de la digitalisation.

À ce titre, tout le monde se souvient encore que la chanteuse de 27 ans avait fait plier Apple l'an dernier, menaçant de retirer son catalogue du service de streaming du géant à la pomme. La chanteuse déplorait alors que le géant de Cupertino ne rémunérait pas les artistes durant les trois mois de la période d’essai de son service Apple streaming. Le groupe de Tim Cook fit marche arrière, gardant dans son giron la belle Américaine.

Une happy end que n’avait pas connue le site Spotify. La superstar l'a déserté pour de bon depuis 2014 au motif que, selon elle, l’application amenait les artistes à dévaluer la valeur de leur travail car les royalties versées étaient trop faible. 

La musique ça se paie

Car Taylor Swift est convaincue que la musique a un prix qui ne doit absolument pas être bradé. Son offensive sur le streaming n’a en fait été que l’application concrète d’une thèse qu’elle avait étayée dans une tribune publiée dans le Wall Street Journal début 2014.

Dans ce texte, Taylor Swift écrivait que “la valeur d’un album est, et sera toujours, basée sur l’âme et le coeur qu’un artiste consacre à son travail ainsi qu’à la valeur financière que les artistes et leurs labels donnent à leur musique sur le marché”. "La musique c'est de l'art, et l'art est quelque chose de rare qui a donc de la valeur", écrivait-elle, assurant que "les gens achètent toujours des albums, ils en achètent juste moins".

Peu d'observateurs avaient alors pris au sérieux cette profession de foi intitulée "the Future of Music is a Love Story" (l'avenir de la musique est une histoire d'amour). Depuis, Taylor Swift a donc prouvé que ses paroles sont suivies d'actes. Au point donc de faire plier d'importants acteurs du marché.

Une influence sans précédente

Ce qui démontre une certaine force de négociation de la part de celle que Quartz qualifiait dès 2014 d'artiste "la plus importante de la génération Y". "C'est la personne la plus puissante de l'industrie musicale. Et elle peut mettre le débat sur le devant de la scène", affirmait en 2015 au New York Times David Lowery, un musicien, businessman et ex-financier qui défend les droit des artistes. "Vous avez plein de musiciens qui ont élevé la voix, mais qui n'ont jamais atteint les foules. Elle, elle a été entendue, d'un simple tweet ou juste avec Instagram", abondait Martin Bandi, le patron de Sony/ATV.

Dans l'industrie musicale, Taylor Swift a en effet une voix qui résonne un peu plus que celle des autres. Car, comme le rappelle le New York Times, elle n'est pas la première à essayer de faire jouer sa propre petite musique face aux géants. Le groupe de rock Pearl Jam avait tenté dans les années 90 de s'opposer sans succès au monopole de la billetterie Ticketmaster. Frank Sinatra, lui, s'était battu des années pour tenter en vain d'augmenter les royalties de la radio sur la diffusion de chansons.

Une artiste libre (de droits)

C'est que la force de la jeune femme qui a engrangé 80 millions de dollars l'an dernier, selon Forbes, et pourrait dépasser les 100 millions cette année, ne tient pas qu'à sa popularité (70 millions de fans sur Facebook, 59 millions sur Twitter).

Taylor Swift n'est ainsi pas à la merci de son label Big Machine, bien au contraire. Ce label est indépendant et les parents de Taylor Swift (son père est un ancien banquier de Merril Lynch) possèdent des parts dans cette société. Ce qui permet à la jeune femme d'avoir, au contraire de la plupart des autres artistes, le contrôle de ses droits d'auteurs.

À ce titre, Bloomberg signalait que la décision de retirer son catalogue de Spotify venait non pas du label (qui n'y était pas franchement favorable) mais de Taylor Swift elle-même.

Et désormais, l'influence de la jeune femme dépasse désormais le simple cadre de la musique. Début février, Bloomberg rapportait que les actions de Glu Mobile, un éditeur de jeu vidéo, s'était envolé de 32%. Ce, juste après l'annonce d'un partenariat avec celle qui porte le nom de Taylor parce que ses parents ne voulaient pas qu'on sache si elle était une fille ou un garçon sur une carte de visite.