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Technip: Le gouvernement se penche sur la crise sociale dans l'entreprise

TechnipFMC, issue du mariage entre le Français Technip et l’américain FMC en 2016

TechnipFMC, issue du mariage entre le Français Technip et l’américain FMC en 2016 - MARTIN BUREAU / AFP

Une réunion se tient lundi à Bercy avec la direction et les syndicats. L’administration du travail a épinglé l’entreprise sur les suicides, les burn-out et les démissions qui se multiplient.

C’est un dossier sensible pour le gouvernement. TechnipFMC, issue du mariage entre le Français Technip et l’américain FMC en 2016, connait une crise sociale forte. En juin, l’administration du travail a mis en demeure le spécialiste du parapétrolier de remédier aux risques psychosociaux de ses salariés d’ici la fin de l’année. Ce lundi, la direction de l’entreprise, son patron Thierry Pilenko, et les syndicats se rendent à Bercy pour une réunion en présence de l’administration (la Direction générale des entreprises) et le cabinet de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.

Officiellement, il sera question de l’avancée de la fusion entre Technip et FMC et du respect des engagements sociaux. Mais les protagonistes ne pourront pas éluder les tensions sociales au sein de l’entreprise. Contactés, les ministères du Travail et de l'Economie ne nous ont pas répondu.

Depuis deux ans, le malaise s’est installé au sein de la Tour Technip de La Défense qui regroupe ses 2.500 salariés. 25% d’entre eux sont considérés comme stressés, les burn-out se multiplient et les démissions ont triplé (200 contre 65) en deux ans. Depuis le mariage avec FMC, les effectifs ont fondu de 15%, notamment dans les fonctions administratives. Mais surtout, deux suicides et une tentative ont traumatisé l’entreprise.

« Accident du travail »

D’autant que le premier a été reconnu comme « accident du travail » par les services de la Sécurité sociale. Et la famille du salarié réfléchit a entamé une procédure judiciaire contre Technip. De son côté, l’inspection du travail a conclu que le second suicide « puisait son origine dans l’activité professionnelle du salarié », ouvrant la voie à la mise en demeure adressée à la direction du groupe.

Les syndicats se plaignent de l’absence de dialogue avec la direction. « Thierry Pilenko est muet et ne répond pas à nos courriers » déplore Christophe Héraud, le responsable de la CFDT. De son côté, la direction de Technip assure prendre le sujet social « très au sérieux » et promet qu’elle « travaille à la mise en œuvre d’un plan d’action ». La tension est si forte que direction et syndicats se sont mutuellement assignées en justice, au point de recourir à une médiation juridique…

Mariage adoubé par Macron

Au-delà du sujet social, le gouvernement est embarrassé par le dossier Technip dans lequel il a une responsabilité. Emmanuel Macron avait adoubé le mariage avec FMC au printemps 2016 alors que la banque publique d’investissement était l’actionnaire de référence de Technip. Le ministre de l’Economie avait vanté la création d’un « Airbus du parapétrolier »… une formule qui laisse un goût amer alors que tous les pouvoirs sont passés du côté américain.

D’autant que ces derniers mois, des rumeurs circulent d’un rachat d’une partie du groupe par des américains, Halliburton ou KBR, ou des russes. Bercy a confié aux salariés avoir connaissance de la possibilité d’une revente de Technip. Un scénario qui risquerait d’aggraver la crise sociale.

Matthieu Pechberty