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Télécoms : toujours moins de revenus pour les opérateurs et toujours plus de dépenses

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L’équation continue à être très complexe pour les acteurs du secteur confrontés à une baisse régulière de leurs revenus alors que les investissements vont encore flamber.

L’équilibre reste précaire pour les opérateurs télécoms français, toujours confrontés à la même problématique. La guerre des prix plombe les revenus tandis que les besoins d’investissements restent colossaux.

Au premier trimestre, le chiffre d’affaires global se replie de 2,6% à 8,6 milliards d’euros, selon les chiffres de l’Arcep, le régulateur des télécoms. Mauvaise nouvelle, les revenus du fixe, censés être dopés par la hausse des abonnements en fibre optique (vendus plus chers), sont en recul de 3,9% avec une facture moyenne par abonné de 31,30 euros par mois.

Le chiffre est d’autant plus décevant qu’il est en baisse sur un an (-1,80 euro), alors que certains opérateurs comme SFR tentent de valoriser leurs abonnements avec des contenus premiums et exclusifs.

Du côté du mobile, les revenus sont également en baisse de 1,1% avec une facture moyenne au plus bas de 14,10 euros par mois. La guerre des prix, menée par tous les opérateurs, laisse des traces même si elle a tendance à se calmer, ce montant étant stable par rapport à celui du premier trimestre 2018.

Des prix stables mais planchers

Les opérateurs ont tenté de calmer le jeu mais les habitudes de prix bas sont désormais bien ancrées dans l’esprit des consommateurs. Depuis 2010, le niveau de prix a même perdu 40% et la France a les prix du mobile les plus bas de tous les pays développés.

Les revenus annexes (interconnexion entre opérateurs, gestion des centres d'appels, location de terminaux) ont vu de leur côté leur baisse s'accélérer, perdant 6,5% sur un an, après une baisse de 3,2% sur un an au trimestre précédent.

Bref, la situation n’est pas des plus favorables pour des opérateurs qui vont devoir encore plus investir cette année compte tenu des enchères pour les licences 5G (entre 1,5 et 3 milliards d’euros attendus) sans oublier les efforts dans la fibre optique et la couverture mobile (New Deal Mobile). Il y a de fortes chances que les 10 milliards d’euros soient dépassés cette année.

« Ce qui tend le marché aujourd’hui, c’est une guerre des prix. Mais cette bataille, c’est bien les opérateurs qui l’ont choisie... C’est leur décision », commentait Sébastien Soriano, président de l’Arcep.

5G : nouveaux débouchés

Niant un peu leur responsabilité dans cette situation, les opérateurs accusent la fiscalité d’être à l’origine de leurs maux. Sur BFM Business, Didier Casas, président de la FFT (Fédération française des télécoms) dénonce les taxes spécifiques appliquées sur les revenus des opérateurs « sous le motif fallacieux qu’ils ont les poches pleines », notamment pour financier le cinéma et France Télévisions. Des taxes qui rapportent 1,2 milliard d’euros à l’Etat. « Notre rôle n’est pas de commenter l’affectation des impôts, nous disons juste qu’un euro de prélevé, c’est un euro de moins dans les réseaux, dans l’aménagement du territoire ».

D’un autre côté, les évolutions technologiques sont autant de leviers de croissance à court-moyen terme à travers des remontées de prix. L’essor continu du streaming peut constituer une clé, à travers des contenus premiums mais pour le moment, ce sont les acteurs dédiés comme Netflix (dans les séries) ou BeIN (sports) qui en profitent.

La 5G qui sera une réalité commerciale l’an prochain pourrait être synonyme de hausse des prix et de revenus supplémentaires avec les entreprises, ce standard ayant vocation à accompagner le développement de la voiture autonome, de la médecine et de la logistique à distance ou encore des villes intelligentes.

Une autre piste serait de proposer des abonnements différenciés (donc plus chers), avec des accès priorisés ou optimisés à certains services comme ceux de streaming par exemple. Une approche qui existe dans certains pays mais qui est contraire à la neutralité du Net qui veut que l'accès soit le même pour tous les services du Web.

Mais dans un marché très tendu où la volatilité des abonnés est forte, la moindre offensive promotionnelle d’un acteur est généralement suivie par les autres. De quoi repartir dans un cercle vicieux. Le juge de paix pourrait alors être la bourse qui sanctionne de plus en plus ces politiques à l’image de l’action Iliad (Free) qui a perdu 42% sur 3 ans et 16% depuis le début de l’année.

Olivier CHICHEPORTICHE