BFM Business
Services

Téléphone mobile en Europe: ces appels hors forfait qui coûtent cher

Alors que débute le second été depuis la fin des frais d'itinérance mobile en Europe actée en juin 2017, utiliser son smartphone sur le Vieux continent peut quand même gonfler la facture. En cause, le prix de communications hors forfait nées d'exceptions tarifaires ou géographiques.

Depuis un an, les Européens ont appris à utiliser avec moins d'appréhension leur téléphone mobile lorsqu'ils se déplacent sur le Vieux continent. Les appels, SMS et même sous certaines conditions l’Internet mobile ne coûtent pas plus cher dans l'Union européenne qu’à la maison, depuis mi-juin 2017.

Cette mesure mettant fin aux mauvaises surprises tarifaires a libéré l'usage du mobile pour les Européens en voyage. Alors que 75% des Français, quand ils se déplaçaient en Europe, déclaraient se restreindre sur les SMS et l’internet mobile, ils se sont "lâchés" depuis l'application de cette directive. Le trafic de téléphonie comme le volume de SMS émis en itinérance a fortement augmenté, de 40%, au deuxième semestre 2017 par rapport à la même période de 2016, selon l'Arcep, le régulateur des télécoms.

Mais, les subtilités des tarifs à l'international de la téléphonie mobile réservent encore quelques (mauvaises) surprises à l'utilisateur européen. Si elles ne sont pas nouvelles, ces exceptions peuvent vite faire grimper la facture même (et surtout) si on dispose d'un forfait mobile qu'on pense "illimité".

1.Attention aux pays d'Europe, non-membres de l'Union européenne

La fin des surcoûts pour les appels, l'envoi de SMS ou l'utilisation de l'Internet mobile à l'étranger, ne s'applique qu'au sein de l'Espace Économique Européen (EEE): c'est à dire aux 28 pays de l'Union européenne, en incluant la Norvège, l'Islande et le Liechtenstein. En dehors de ces 31 pays, les opérateurs ont donc la possibilité de facturer hors forfait les appels, SMS, MMS, data passés depuis ces territoires. Deux pays limitrophes de la France sont directement concernés par cette exception: la Suisse et l’Andorre (même si quelques opérateurs français les incluent dans certains de leurs forfaits). Avant de téléphoner ou d'utiliser Internet dans ces deux États, mieux vaut donc vérifier les conditions d'utilisation de son forfait. De même, une grande partie de la zone des Balkans (à l'exception de la Slovénie et de la Croatie, intégrée à l'UE), n'est pas concernée par la fin des surcoûts liés à l'itinérance mobile. En Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Albanie et Macédoine (non-membres de l'UE), toute utilisation d'un smartphone est a priori facturée hors forfait. Enfin, tant que le Brexit n'est pas effectif, les communications passées depuis le Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord) restent incluses dans les forfaits. Mais cela pourrait changer en 2019.

2.Appeler un fixe ou mobile d'un résident non-européen n'est pas neutre

La fin des frais d'itinérance mobile en Europe ne s'applique que lorsqu'on appelle ou envoie un SMS ou un MMS vers un autre mobile français ou originaire d'un autre pays de l’UE. A contrario, une communication est facturée hors forfait pour tout appel passé depuis l'Europe (France aussi) avec son mobile vers les lignes fixes ou vers les mobiles de correspondants situés hors de l'UE (Afrique, Asie, Amérique) tel un appel passé depuis l'Espagne vers le Brésil ou depuis l'Italie vers le Maroc. Ces appels facturés hors forfait incluent ceux passés pour joindre le mobile d'un non-européen même s'il est de passage en Europe au moment où il reçoit la communication (appels, MMS ou SMS). Si un Français en vacances au Portugal appelle sur son mobile son ami canadien de passage à Bruxelles, il sera facturé en plus.

3.L'usage de l'internet mobile en Europe est limité par des quotas assez bas

Pour leurs forfaits offrant de généreux quotas d'internet mobile en France, les opérateurs ont défini une limite d’utilisation lorsqu'on se déplace en Europe. Ce plafond est destiné à leur permettre de maîtriser leurs coûts d’achat auprès des opérateurs mobiles étrangers et, in fine, d’éviter une hausse des tarifs des forfaits. La plupart des opérateurs français ont choisi un quota d'internet mobile utilisable à l'étranger, bien inférieur à celui qu'ils proposent pour la France. Dans les forfaits moyen de gamme, il est souvent limité à quelques Go par mois, dans les pays d'Europe concernés par la fin des frais d'itinérance. Il est donc risqué à l'étranger en Europe d'avoir le même usage de l'internet mobile (presque sans restrictions) que celui qu'on a en France. Chaque consommateur devra regarder attentivement la limite fixée par son opérateur. Attention: si vous dépassez ce quota alors que vous êtes en train de surfer sur Internet depuis l'Europe, vous risquez (sauf si un blocage est prévu) de basculer à votre insu sur une facturation à l'usage (au Mo en général) qui s'ajoutera a posteriori au coût de votre forfait.

4.Téléphoner sur un ferry ou une croisière en mer en Europe coûte cher

Une exception tarifaire peu connue (car pas si courante) concerne les ferries ou les bateaux de croisière circulant sur les mers en Europe. Ces navires lorsqu'ils s'éloignent des côtes européennes, hors de portée des antennes terrestres des opérateurs, disposent de leur réseau mobile à bord et d’une facturation qui leur est propre. Pourquoi? La décision de ne plus facturer les frais d'itinérance mobile dans les pays de l'UE ne s'applique pas à l'accès au réseau passant par les satellites disponibles à bord. "Utiliser son téléphone mobile sur l’un de ces bateaux peut donc coûter cher, même lorsqu'on ne pense pas quitter la France (en reliant Marseille à Ajaccio, par exemple)" souligne UFC-Que Choisir dans son dernier numéro de juillet-août 2018. À bord d'un ferry, mieux vaut donc désactiver l'itinérance de données sur son smartphone ou utiliser le wi-fi s'il est proposé gratuitement par l'exploitant du navire.

Le coût des appels depuis la France vers l'étranger bientôt plafonnés

Si les appels passés avec un mobile depuis un pays européen ne sont plus surtaxés, ceux passés depuis la France vers un pays européen le sont encore. Dit autrement, appeler depuis Paris un ami à Berlin ou un cousin à Rome reste facturé hors forfait, à moins que votre opérateur n’inclut ces appels internationaux dans votre forfait, alors que ces mêmes communications passées depuis la Belgique sont incluses dans le forfait. C'est pour remédier à cette bizarrerie tarifaire que l'Europe, selon l’accord obtenu par le Parlement avec le Conseil (qui représente les États membres), a décidé en juin 2018 de plafonner les tarifs pour les appels intraeuropéens à 19 centimes la minute pour les communications voix et à 6 centimes pour les SMS. Cette décision devra être approuvée définitivement par les États membres et le Parlement avant de pouvoir entrer en vigueur.

Frédéric Bergé