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Tesla: des ventes correctes en 2015, mais 2016 sera plus délicat

En Europe, le succès de Tesla pourrait être freiné par le revirement des pays scandinaves en matière de subventions. La Norvège y songe, mais le Danemark a déjà commencé à revoir sa copier.

En Europe, le succès de Tesla pourrait être freiné par le revirement des pays scandinaves en matière de subventions. La Norvège y songe, mais le Danemark a déjà commencé à revoir sa copier. - Johannes Eisele - AFP

En 2015, le constructeur a atteint son objectif plancher en vendant 50.000 véhicules dans le monde. Mais dans plusieurs pays d’Europe, la fin des aides à l’achat de véhicules propres pourrait rendre dissuasif l’accès aux Tesla.

En 2015, Tesla a fait une bonne année, sans plus. Avec 50.580 véhicules vendus dans le monde, le constructeur californien a atteint l’objectif le plus bas qu’il s’était fixé. En octobre, Elon Musk, patron du groupe, avait annoncé qu’il comptait vendre entre 50.000 et 55.000 voitures et déjà à l’époque, les marchés avaient mal pris cet objectif. La conséquence s’était traduite par une baisse de 6% de l’action. Après l'annonce des chiffres 2015, le titre du constructeur a dévissé de plus de 7% ce lundi.

Tesla ne fait aucun commentaire sur les résultats communiqués lundi matin, mais pour les spécialistes, ce chiffre est loin d’être un échec. "Certes, 50.000 voitures pour un constructeur traditionnel, c’est presque rien, mais Tesla propose des voitures électriques premium dont la technologie impose des contraintes. Et, malgré cela, il se positionne en seconde place mondiale derrière la Leaf de Nissan. Et ça, c’est une performance pour un constructeur qui est pratiquement né hier", nous explique Michael Torregrossa, journaliste expert pour le site Automobile Propre.

Cette place ne doit rien au hasard. "Pour se hisser à ce niveau, Elon Musk ne se contente pas de vendre des voitures. Avec ses "Superchargers", il crée un écosystème complet qui rassure les clients. S’il avait dû attendre que les gouvernements installent des bornes de rechargement, il n‘en serait certainement pas là", estime le spécialiste.

En effet, la progression du constructeur est impressionnante. Entre 2012 et 2015, ses ventes sont passées de 2.721 voitures à 50.580. En comparaison, les ventes Tesla de 2015 représentent un quart de ce que devrait vendre Porsche, ce qui est loin d'être négligeable pour un si jeune constructeur.

La Scandinavie pourrait faire chuter les ventes

En Europe, cette stratégie fonctionne bien, mais c’est surtout les incitations fiscales qui dynamisent les ventes. Ce mécanisme est particulièrement efficace dans les pays scandinaves qui représenteraient 10% des ventes mondiales de Tesla.

Ainsi, son premier client européen est la Norvège, où le constructeur détiendrait près de 3% des ventes d’automobiles contre seulement 1% aux États-Unis. Tesla n'est pas le seul constructeur à profiter de ces mesures. Pour preuve, le marché de l’électrique et de l’hybride représente déjà plus d’un tiers des immatriculations et 10% des ventes annuelles de voitures neuves.

Mais ces aides ne font pas les affaires de ces états. Pour la Norvège, le cumul (crédit d’impôt, TVA réduite, stationnement et autoroutes gratuits) représente un manque à gagner annuel de 300 millions d’euros. Le gouvernement norvégien réfléchit désormais à revenir sur ces mesures. Si c’est le cas, l’impact sur les ventes de Tesla pourrait être lourd puisque dans ce pays, le groupe d'Elon Musk aurait vendu 3.600 voitures cette année, soit 7% de ses ventes mondiales.

Le Danemark sonne la fin des subventions

Au Danemark, cette réflexion est déjà dépassée. Depuis le 1er janvier 2016, les aides seront progressivement arrêtées, comme le note CNN qui estime que les ventes de Tesla sont menacées dans de nombreux pays d’Europe. Ainsi, un modèle pourrait passer de 100.000 à 280.000 dollars. "On s’attend à un gros coup de frein sur les ventes dans ce pays", signale Michaël Torregrossa.

Même Tesla en est conscient. Dans son rapport annuel, le constructeur note que tous les constructeurs seront pénalisés. "Si ces programmes gouvernementaux sont réduits ou éliminés, ou les avantages disponibles qui en découlent s’arrêtent plus tôt que prévu, les ventes de tous les véhicules électriques, y compris notre modèle S, pourraient être affectés".

Quant à la France, si les Tesla ne sont pas numéro un, elles se classent dans le trio de tête derrière la Nissan Leaf et la Renault Zoé, leader dans l’Hexagone. Pour séduire, la petite Française a une taille urbaine et un tarif cinq fois inférieur à une Tesla S.

Bien sûr, les deux voitures ne jouent pas dans la même catégorie, mais pour le spécialiste d’Automobile Propre, ce n’est pas seulement la raison du succès. "Quoi qu’on en dise, les Français restent très attachés aux marques nationales. Et, sur ce terrain, Tesla ne peut rien y faire." En 2015, la Zoé a été vendue à 10.000 exemplaires en France quand Tesla aurait vendu moins de 700 de ces modèles selon le CCFA (Comité des Constructeurs Français d'Automobiles). Un chiffre qui, comme les autres, n'a pas été confirmé par Tesla.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco