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Tiers payant: le premier syndicat de médecins libéraux appelle de nouveau au boycott

La CSMF redoute des lourdeurs administratives

La CSMF redoute des lourdeurs administratives - Alex Proimos - Wikimedia Commons - CC

La CSMF, premier syndicat de médecins libéraux réaffirme son opposition à la mesure, qui doit entrer en vigueur en novembre prochain, redoutant des lourdeurs administratives.

Le premier syndicat de médecins libéraux, la CSMF (généralistes et spécialistes), a réitéré lundi son opposition au tiers payant généralisé (dispense d'avance de frais), invitant les praticiens à réserver ce dispositif aux patients en difficulté financière.

En vertu de la loi Santé, les femmes enceintes et les personnes souffrant d'une affection de longue durée (ALD) bénéficient depuis le 1er janvier d'une dispense d'avance des frais remboursés par la Sécurité sociale, un droit qui sera généralisé à tous les patients en novembre.

Après une phase transitoire démarrée le 1er juillet, les médecins sont donc en théorie dans l'obligation d'appliquer le tiers payant aux 11 millions de Français couverts à 100% par la Sécu (femmes enceintes et ALD), mais aucune sanction n'est prévue pour les récalcitrants.

Pour "un tiers payant social"

Or "la CSMF reste opposée à cette mesure" craignant des lourdeurs administratives et des retards de paiement, rappelle le syndicat dans un communiqué.

Elle lui préfère "un tiers payant social, laissé à l'appréciation" des médecins, invités "à n'utiliser le tiers payant que lorsqu'ils le jugent nécessaire, au vu de la situation du patient".

Suivant cette logique, les praticiens sont ainsi appelés à maintenir le tiers payant pour les bénéficiaires de la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) ou de l'ACS (aide à la complémentaire santé), précise toutefois à l'AFP le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz.

Sans surprise, la CSMF s'oppose également à l'extension progressive du dispositif, censé devenir un droit pour tous le 30 novembre, mais uniquement pour la partie des frais remboursés par la Sécu, le conseil constitutionnel l'ayant rendu facultatif pour la part complémentaire.

"Dérive bureaucratique"

Cela reviendra "à vérifier les droits de chaque patient, puis lui demander 6,90 euros pour la consultation chez le médecin généraliste", s'indigne la CSMF, dénonçant une "dérive bureaucratique chez le médecin, dont le métier est de soigner et non de contrôler".

Dimanche, le premier syndicat de généralistes, MG France, avait appelé au boycott du tiers payant sur la part complémentaire, pourtant facultative, en raison notamment de "l'absence totale de garantie de paiement" par les centaines de complémentaires santé existantes.

En octobre 2016, le tiers payant a été appliqué par les généralistes dans 73,7% des cas de patients en ALD (régime général) contre 66% au premier trimestre, et dans 64,5% des cas pour les femmes enceintes (contre 55,8%), une progression "particulièrement significative", selon la direction générale de la Santé.

J.M. avec AFP