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Travailler de nuit induit des risques "probables" de cancers et d’obésité

Une équipe de nuit des urgences d'un hôpital de région parisienne, ici en 2008.

Une équipe de nuit des urgences d'un hôpital de région parisienne, ici en 2008. - AFP - Martin Bureau

L’Anses publie un rapport ce mercredi dans lequel elle souligne les risques pour la santé des personnes qui travaillent régulièrement entre 21 heures et 6 heures du matin.

"Le travail c’est la santé" chantait Henri Salvador…"sauf quand il est en décalé", aurait-il pu ajouter. Le travail de nuit est dans le viseur de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Dans un rapport publié ce 22 juin, elle alerte sur les effets néfastes du travail de nuit sur la santé. Selon le Code du travail, un emploi considéré comme nocturne est assuré entre 21 heures et 6 heures du matin.

Outre les contraintes évidentes sur la vie sociale, l'agence pointe les risques de troubles du sommeil et de troubles métaboliques, qu'elle qualifie d’"avérés". Les risques de cancer, d’obésité, de diabète de type 2, de troubles psychiques et de maladies cardiovasculaires sont jugés "probables". Les performances cognitives seraient également possiblement altérées.

Ajuster la surveillance

"Le travail de nuit influerait sur les facteurs de risques psychosociaux et les troubles du sommeil, qui à leur tour pourraient augmenter les risques de troubles mentaux", écrit l'Anses.

Il a fallu quatre ans et une équipe d’une vingtaine de professionnels (médecins, épidémiologistes, sociologues…) pour passer au crible l’ensemble des données scientifiques récentes disponibles, rapporte Le Monde. 24 études concernant le cancer ont par exemple été passées en revue.

Face aux nombreux risques recensés, l'agence juge nécessaire à court terme "d'ajuster la surveillance médicale des travailleurs de nuit". Puis, dans un second temps, il conviendra "d'évaluer les coûts sociaux associés au recours au travail de nuit (arrêts de travail, maladie professionnelle, absentéisme, etc.) qui pourraient être mis en regard des bénéfices potentiels". Pour l’instant, la loi impose que les travailleurs de nuit passent une visite médicale au minimum tous les six mois.

Or, la réforme en cours du Code du travail, portée par Myriam El Khomri, remet en cause cette périodicité, souligne Le Monde. L’Agence rappelle que le travail de nuit "doit rester exceptionnel", comme l’exige le Code du travail, mais constate qu’il a "presque doublé en vingt ans" et concernait 15,4% des salariés en 2012.

"Limiter" le travail de nuit

Par ailleurs, les auteurs de ce rapport préconisent "d'évaluer les coûts sociaux associés au recours au travail de nuit (arrêts de travail, maladie professionnelle, absentéisme, etc.) qui pourraient être mis en regard des bénéfices potentiels", écrit-elle. Dans ces circonstances, l'agence recommande de "limiter" le travail de nuit aux seules activités permettant "d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale", soulignant que la réglementation n'est pas assez précise sur ce point.

Dans les entreprises concernées, elle préconise "l'adaptation des itinéraires professionnels, de façon à limiter les expositions longues à des contraintes pénalisantes". Se préoccuper de la santé de ses salariés inclurait donc de ne pas employer une personne à ce rythme plus de quelques années.

Adeline Raynal avec AFP