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Ubisoft: Vivendi empêche (encore) la direction de récompenser les salariés

Le groupe de Vincent Bolloré aurait voulu être invité à siéger au conseil d'administration d'Ubisoft.

Le groupe de Vincent Bolloré aurait voulu être invité à siéger au conseil d'administration d'Ubisoft. - Zakaria Abdelkafi - AFP

Lors de l'assemblée générale de la pépite du jeu vidéo, son premier actionnaire, Vivendi, s'est abstenu de voter une résolution concernant l'intéressement des salariés, empêchant ainsi son adoption.

L'assemblée générale des actionnaires d'Ubisoft a adopté la quasi-totalité des résolutions présentées vendredi, à l'exception de celle concernant l'intéressement des salariés, la plus scrutée par les observateurs et déjà rejetée l'an passé. L'AG a été marquée par des applaudissements nourris à destination d'Yves Guillemot, PDG du groupe de jeux vidéo, engagé dans un bras de fer avec son premier actionnaire Vivendi.

La résolution concernant l'intéressement des salariés, votée à seulement 60%, a été rejetée. Une majorité des deux tiers était nécessaire. Dans un communiqué, Vivendi, qui détient 27% du groupe, a confirmé s'être abstenu lors du vote des résolutions.

Une résolution pour peser dans la guerre des talents

À l'assemblée générale de 2016, Vivendi s'était déjà abstenu de voter les résolutions proposées par la direction d'Ubisoft, empêchant la mise en place de plans d'actions destinés à faciliter le recrutement des talents les plus recherchés de l'industrie.

Le groupe regrette qu'il "n'ait toujours pas été invité à être représenté au conseil d'administration alors qu'il en est le premier actionnaire", estimant "avoir été dans l'impossibilité d'approuver les résolutions" pour cette raison.

Vivendi se renforcera "avec ou sans Ubisoft"

Vivendi n'avait pas présenté de résolution avant la date limite du 28 août pour solliciter une place au conseil d'administration d'Ubisoft, que la société juge pourtant légitime. Les actionnaires en revanche ont approuvé la proposition de la direction d'Ubisoft de nommer deux nouvelles administratrices à son conseil, Virginie Haas, une ancienne responsable d'IBM, et Corinne Fernandez-Handelsman, associée de la société de recrutement Progress, qui lui font atteindre son objectif de 6 membres indépendants sur 11 (contre 5 sur 10 précédemment).

Vivendi, qui s'est déjà emparé de l'éditeur de jeux mobiles Gameloft (fondé par la famille Guillemot) à l'issue d'une OPA, contrôle quelque 27% du capital d'Ubisoft et 25% des droits de vote, et a annoncé vouloir continuer à se renforcer dans le jeu vidéo avec ou sans Ubisoft. La famille Guillemot a renforcé son contrôle à environ 15% du capital et 22% des droits de vote.

Le vrai match en novembre

La direction d'Ubisoft est opposée à tout rapprochement avec le géant des médias et cherche à empêcher une prise de contrôle rampante ou une OPA du groupe. Le vrai match risque cependant de se jouer plus tard. À la mi-novembre, Vivendi bénéficiera de votes doubles sur une partie de sa participation en vertu de la loi Florange et dépassera le cap des 30% des droits de vote, ce qui pourrait le forcer à dévoiler ses intentions.

Le franchissement de ce seuil contraint en principe Vivendi à déclencher une offre publique d'achat (OPA) sur Ubisoft sauf s'il décide de céder sa participation ou de retirer une partie de ses options du nominatif pour les détenir "au porteur", c'est-à-dire dans des conditions d'anonymat.

N.G. avec AFP