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Un investisseur très écouté prédit une "fin funeste" aux FinTech

"Je ne m’attends pas à ce que le bitcoin remplace le dollar américain ni à la fin du succès de Visa", a déclaré Christopher Flowers.

"Je ne m’attends pas à ce que le bitcoin remplace le dollar américain ni à la fin du succès de Visa", a déclaré Christopher Flowers. - Justin Sullivan-Getty-Images-North-America-AFP

Christopher Flowers pilote un fonds d'investissements spécialisé dans la finance. Ce milliardaire américain pense que les établissements bancaires classiques résisteront sans peine aux assauts de ces start-up qui misent tout sur leurs technologies innovantes.

C’est une ombre au tableau scintillant des FinTech qu’apporte Christopher Flowers. Selon cet influent investisseur américain, ces start-up qui s'appuient sur la technologie pour repenser en profondeur les services financiers ou bancaires sont, à quelques rares exceptions, de fausses valeurs. "La plupart de ces activités vont connaître une fin funeste", a-t-il déclaré fin février lors d’une conférence à Berlin.

Son avis ne peut laisser indifférent. Sa fortune personnelle dépasse le milliard de dollars dans le dernier classement Forbes des plus grandes fortunes de la planète. Son fonds d'investissements, J.C. Flowers & Coest spécialisé dans dans les services financiers. Pour ce fin connaisseur du secteur, les FinTech sont certes susceptibles de séduire des publics négligés par les établissements financiers traditionnels. De même que leurs innovations répondent à de vrais besoins en matière de paiement. Pour le reste, "les banques ne sont pas près de disparaître", a déclaré Christopher Flowers. Avant d’ajouter: "Je ne m’attends pas à ce que le bitcoin remplace le dollar américain ni à la fin du succès de Visa".

Des services lancés trop rapidement

Alors qu’une poignée de sociétés technologiques réussiront à venir marcher sur les plates-bandes des banques, la majorité ne survivra pas en raison d’une erreur stratégique, juge cet ancien banquier de chez Goldman Sachs. Contrairement aux décideurs traditionnels du monde financier, les entrepreneurs de la Silicon Valley -d’où sont issus de nombreuses FinTech d’envergure mondiale- appliquent l’idée selon laquelle un service doit être lancé très tôt et très rapidement pour prendre des places sur un marché, or "cela n’est pas une bonne approche dans le monde de la finance", insiste-t-il.

Voilà de quoi tempérer l’enthousiasme des investisseurs pour ce secteur au dynamisme certain. À titre d’exemple, la start-up Marvelstone a levé en février 12,5 millions de dollars en amorçage pour sa future plateforme de services financiers à destination des PME. De manière plus générale, les investissements annuels dans le secteur FinTech ont fortement progressé ces dernières années, passant de 928 millions de dollars investis en 2008 à 2,97 milliards de dollars en 2013, d’après une étude publiée par Accenture.

De Leetchi à Ulule

La France n’échappe pas à la tendance avec l'émergence de services comme la cagnotte Leetchi, la plateforme de financement participatif Ulule, la plateforme de crédit entre particuliers Prêt d’Union ou encore les comptes Nickel, que l’on ouvre avec une simple pièce d'identité chez le buraliste du coin. L'Hexagone n'est toutefois le berceau que d'une seule des 100 FinTech les plus prometteuses au monde d'après un rapport de KPMG de 2015. Il s'agit de la société de paiement par prélèvements Slimpay. Pour l'instant, ces start-up françaises ne semblent pas avoir eu de difficultés à convaincre des investisseurs.

Adeline Raynal